Editorial

Décidément, l’incohérence est la marque distinctive de notre époque.

Le dimanche 31 mai à Wichita, Etats-Unis, un cinglé «proche des milieux anti-avortement» mais ayant «agi seul», selon le procureur de l’Etat du Kansas (1), abattait à l’église un médecin spécialisé dans les avortements tardifs, c’est-à-dire dans les interruptions de grossesse pratiquées après vingt-deux semaines de gestation. L’affaire n’a pas occupé la presse très longtemps, mais il était patent que sa sympathie allait toute à ce bienfaiteur de l’humanité, père de quatre enfants et pilier de sa paroisse. On sentait que même si les milieux anti-avortement n’étaient pas directement impliqués ils étaient au moins moralement suspects.

Evidemment, on ne saurait approuver qu’un individu en tue un autre, même en cas de divergences sur des points essentiels. Mais les articles que nous avons lus sur le sujet ne mentionnent nulle part que ce bon docteur extirpait parfois du ventre de leur mère des enfants qui auraient été viables avec des soins appropriés. Le fait que ces enfants étaient atteints de malformations ou d’incapacités cérébrales majeures n’y change rien. C’étaient des enfants du Bon Dieu et le pieux médecin père de famille nombreuse n’était rien d’autre qu’un tueur multirécidiviste.

Apparemment, aux Etats-Unis, on condamne lourdement les assassins, y compris les assassins de handicapés, sauf quand ils tuent des petits infirmes de moins trois mois – dans le meilleur des cas! A ceux-là, on fournit des gardes armés, afin de les protéger des militants anti-avortement (2)!

Nous voulons espérer que le défunt docteur ne pratiquait pas d’avortements «tardifs» sur des enfants que leur mère avait cessé de désirer, et qui auraient donc été exposés, menés à terme, à une vie extrêmement difficile…

Une autre incohérence implique les protecteurs de la santé et ceux du climat.

Nous n’avons pas besoin de vous rappeler le bruit et la fureur qu’engendre la fameuse grippe porcine. Il faut prendre des mesures, isoler les malades, trouver des vaccins. Bref, il faut éradiquer ou au moins circonscrire le «fléau» à tout prix, afin de sauver des vies humaines.

D’un autre côté, une ONG australienne «lève le tabou» (3) et déclare qu’il faut limiter la population pour sauver le climat.

Comment s’y prendre?

L’ONG en question, qui porte le doux nom de Sustainable Population Australia (4), évalue à 41% les naissances non désirées à l’échelon de notre planète et demande leur réduction. «S’assurer que chaque enfant qui naît est attendu est le moyen le plus rapide et le plus efficace de réduire l’impact humain sur l’environnement, y compris sur les émissions de GES», déclarent ces avorteurs potentiels, qui doivent pleurer très fort l’«interrupteur» américain.

Nous croyons aussi que la terre est un peu trop peuplée pour sa santé.

Mais, contrairement aux écolos australiens, nous pensons qu’il faut laisser le climat limiter la population.

NOTES:

1) Communiqué AFP du 2 juin 2009.

2) www.mtlurb.com/forums/showthread.php?t=12994

3) Communiqué AFP du 11 juin 2009.

4) Traduction approximative: Population durable d’Australie.

Thèmes associés: Environnement - Ethique

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