Des zones à bâtir pour les riches

Il n’est question que du nouveau plan d’aménagement du territoire, accepté par le parlement obwaldien par quarante-deux voix contre deux, qui prétend réserver quelques portions du territoire, particulièrement bien situées, aux plus riches contribuables. Les Verts obwaldiens ont déjà lancé un référendum. «Le projet est injuste», explique Gerardo Raffa, président du parti. «Il instaure une inégalité de traitement entre les citoyens.» Même M. Moritz Leuenberger a manifesté son opposition, sur son blog, en écrivant que ce projet n’était «pas en ordre».

On a même déniché plusieurs professeurs de droit (courageusement anonymes, d’ailleurs), qui estiment que le projet est anticonstitutionnel. La Constitution interdit en effet qu’une loi privilégie ou discrimine des citoyens.

Dite comme ça, cette affirmation est une sottise: si «nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses convictions religieuses ou politique ni du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique», toutes les lois privilégient ou discriminent certaines catégories de citoyens et pas seulement les lois fiscales.

Et on peut observer, de façon générale, que les gens riches peuvent s’offrir plus de biens que les pauvres, que les palaces comme le Martinez ou le Negresco louent plus de suites et d’appartements à des clients riches qu’à des RMistes, que les terrains à bâtir dans la région genevoise, à deux mille ou trois mille francs le mètre carré, intéresseront plus de personnes fortunées que de chômeurs en fin de droit, et qu’on rencontre chez Rochat à Crissier plus de dentistes que de musiciens roms.

A toutes les époques, et en tous pays, les gens fortunés ont pu s’offrir des biens et des services que les gens plus modestes ne pouvaient se payer.

Est-il dès lors scandaleux que les autorités d’Obwald réservent des facilités, au plan de l’aménagement du territoire, à ceux qui sont prêts à payer ces faveurs au prix fort et qui rapporteront ensuite, sous forme de contributions fiscales, des revenus non négligeables?

Ceux qui crient le plus fort sont les cantons voisins, qui craignent l’exode de leurs plus riches contribuables vers ces zones obwaldiennes privilégiées. Pour eux, la libre concurrence serait un dogme excellent dans tous les domaines de l’économie, sauf en matière fiscale.

En allant s’établir là-bas, les riches ne me nuiront en rien, ils ne me priveront pas d’un bien que je convoitais. Et les autorités obwaldiennes, si elles respectent le droit, font à leur gré.

Ce qui me gêne plus, c’est de constater qu’un hideux pavillon thaïlandais a pu être érigé dans un parc public lausannois grevé d’une totale interdiction de construire, avec la bénédiction d’une municipalité rouge et d’un syndic vert, parce que cette cahute avait été offerte par le roi du Siam en personne.

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