In Memoriam – Claude Paschoud (15 mai 1945 - 7 août 2021). Lettre Ouverte à un homme d'exception 7 Août 2021 - 7

Cher ami,

Car depuis mon retour en Suisse, nous nous donnions du «Cher ami». Mais pas sur le ton d'«Embrassons-nous Folleville!»

Il y a un an, tu rendais ton âme à Dieu. Et, entre inconditionnels des rimes du Cyrano de Rostand, permets-moi de reprendre ici en ce qui te concerne la réplique de Mère Margueritte à ses sœurs: «Rassurez-vous: Dieu doit bien le connaître.» (“Cyrano de Bergerac” Acte V, Scène Première.) Voilà au moins une chose dont, ici-bas, je ne doute pas.

En dessous de chez toi, chez l'Indien – et au grand dam de celui-ci – la bande de joyeux compagnons n'a pas résisté au départ de celui qui l'animait et qui – de l'accord tacite de tous – la présidait. Personne n'a eu le goût de reprendre le témoin. Et Eddie, ton fidèle écuyer, n'a pas tenu très longtemps après ton départ. Ce fut plus fort que lui; il a fallu qu'il monte aussi t'aider à poser les bases d'une nouvelle table d'habitués! Théo, le chien a fait une croix sur les biscuits que tu lui passais, avec cette manière bien particulière de faire comme si de rien n'était…

Il m'a été donné d'observer qu'aux enterrements, il n'est pas rare que l'on se surprenne à pleurer sur soi-même. Ainsi ai-je regretté de t'avoir si imparfaitement connu. Nous avions tant en commun et je me suis surpris à déplorer de n'avoir pas compris assez vite la richesse et la complexité de ta personnalité. Il est vrai que je suis revenu bien tard de l'étranger. Depuis, pour reprendre l'expression d'une amie… je fais “des sauts quantiques” et à force d'attention, de témoignages et de lectures, je découvre progressivement tes dons et tes talents multiples.

Mais tout ce que je viens d'écrire… tu le sais, car te voilà avec une vue imprenable sur le genre humain et une capacité de compréhension qui nous dépasse.

Amitiés.

PS

Comme tu sais; après ton départ, la course vers l'abîme de l'entendement humain n'a cessé de faire des pas de géant et l'abrutissement scientifiquement mené de nos peuples nous laisse entrevoir des profondeurs insoupçonnées. C'est pourquoi tout tuyau de ta part pour rester en surface de cette fange… et – pourquoi pas?! – d'en décoller serait le bienvenu.

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