Forêt climatique contre dérèglement tropical

Forêt tropicale: la plupart des crédits carbone achetés par les entreprises «ne valent rien». […] Plus de 90% des crédits carbone liés à des projets de reforestation certifiés par l’ONG Verra, un des standards de référence de ce marché, ne valent rien, selon une analyse publiée par The Guardian et Die Zeit […].

L’article que nous citons ici a paru dans Le Temps au début de cette année. Nous l’avons imprimé, gratifié de quelques notes manuscrites puis posé sur un coin du bureau, parmi les textes que nous jugeons suffisamment dignes d’intérêt et que nous exhumons parfois à l’approche d’un délai rédactionnel. Le sujet est toujours d’actualité: la politique climatique suisse, comme celle d’autres pays occidentaux, repose en partie sur cette possibilité offerte aux entreprises d’acheter des crédits carbone à l’autre bout du monde. Normal: quand on a déjà pris des mesures draconiennes pour réduire au minimum les émissions de CO2 chez nous, et que des «experts» péremptoires nous somment d’en faire encore davantage, on est forcément tenté d’aller réduire ces émissions là où c’est encore possible – par exemple dans les forêts tropicales, où les arbres replantés, ou non arrachés, absorberont une certaine quantité de carbone.

La gauche déteste cette pratique, car son objectif est d’affaiblir ici même ce qui reste du dynamisme économique occidental, et non de traquer les émissions de CO2 tout autour du monde. Lorsque des «enquêteurs» médiatiques nous affirment que la plupart des crédits carbone ne sont que de la poudre aux yeux, notre première réaction est d’y voir une simple propagande du lobby écologiste et de sa volonté obsessionnelle de discréditer toute mesure écologique prise à l’étranger. La gauche ne peut tout simplement pas être objective et honnête sur cette question.

Mais, en face, chez ceux qui vendent à prix d’or des certificats correspondant à des bouts de clôture autour d’une quinzaine d’arbres que personne n’a jamais touchés depuis deux cents ans, en prétendant que ladite clôture empêche ainsi la déforestation et que cela suffit pour absoudre Easyjet et Ryanair, n’y a-t-il aucune tentation d’abuser de ces bonnes affaires?

En réalité, nous sommes face à un système où chacun a intérêt à mentir.

Nous n’en serions évidemment pas là si le réchauffement climatique – ou le dérèglement climatique, comme on l’appelle désormais pour éviter les moqueries en période de grand froid – n’avait pas été érigé en dogme religieux, indiscutable et terrifiant, dominant chacun de nos gestes quotidiens. Quand je me réveille le matin, est-ce que je nuis au climat? Quand je prends ma douche, est-ce que je nuis au climat? Quand je sors faire mes courses, est-ce que je nuis au climat? Quand je me gratte le nez, est-ce que je nuis au climat? Les psychoses collectives aboutissent toujours à des situations absurdes et malsaines dont ne profitent que les esprits malhonnêtes.

Tout au plus peut-on s’amuser de la conclusion de l’article, lorsque les écolos commencent à se demander si, en poussant les entreprises occidentales à douter des certificats CO2 et à s’en détourner, on ne va pas finalement accentuer la déforestation tropicale! Là encore, l’idéologie ne produit que des résultats absurdes.

Pollux

Thèmes associés: Economie - Environnement

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