Lassitude

Au moment où paraîtront ces lignes, la Pride romande 2023, organisée cette année à Genève du 6 au 10 juin, sera terminée. Elle aura été une fois de plus l’occasion de décrire les souffrances et les injustices subies par les LGBTQIA+. En dépit de l’entrée en vigueur du mariage pour tous et du droit de changer de sexe à l’état civil, ainsi que de l’extension de la loi antiraciste à l’homophobie, les organisateurs de la manifestation semblent considérer qu’est encore contesté à leurs ouailles le droit d’exister1. Ils constatent en effet que plus ils obtiennent de droits plus la violence à leur égard augmente.

C’est en effet fort surprenant, car le mariage pour tous et l’extension de l’article 261bis du code pénal à l’homophobie ont été acceptés sans difficulté par référendum, et le changement de sexe à l’état civil n’a même pas fait l’objet d’une votation populaire. Il y a évidemment dans ce pays des gens – et j’en fais partie – qui ne sont pas d’accord avec ces innovations, mais ce sont pour la plupart des opposants pacifiques, peu portés à la violence et qui savent tolérer les décisions de la majorité de leurs concitoyens et celles du pouvoir législatif sans prendre les armes. Normalement, donc, le nombre des militants anti-LGBTQIA+ capables de violence verbale ou physique devrait être relativement faible et stable.

Quitte à sembler changer de sujet – mais ce n’est qu’une apparence – je voudrais signaler qu’une certaine Valentine Python, conseillère nationale vaudoise, climatologue du plus beau vert, a récemment réclamé à Berne des mesures drastiques contre le «climatoscepticisme», qui progresse, paraît-il, de manière alarmante en dépit des «consensus établis au sein de la communauté scientifique internationale»2. Cette dame ne se demande pas s’il y a une raison à cette scandaleuse indiscipline, pas plus que les organisateurs de la Pride romande ne s’interrogent sur les causes réelles de l’hostilité grandissante dont leur communauté est la cible.

Pourtant, l’explication est simple: beaucoup de gens, quoique bien disposés au départ, en ont par-dessus la tête d’être traités comme des débiles mentaux qu’il faut sans cesse conscientiser, à qui il faut constamment tout expliquer; ils en ont assez des défilés et manifestations de ces «victimes» à qui on accorde tout ce qu’elles demandent; ils sont irrités par les militants du climat qui bloquent les routes ou sabotent des machines de chantier en réclamant l’impunité; ils sont exaspérés par l’ampleur de l’espace public qu’occupent ces groupes minoritaires, dont, de surcroît, on parle sans cesse dans les médias.

Les actes de violence ne sont évidemment pas tolérables. Mais les idéologues et les militants qui les subissent devraient se demander si leur propre comportement n’a vraiment rien à voir avec une forme d’incitation à la violence.

M. P.

 

1 https://www.20min.ch/fr/story/une-pride-pour-clamer-on-a-tous-le-droit-dexister-942816774492.

2 https://www.20min.ch/fr/story/valentine-python-part-a-la-chasse-aux-climatosceptiques-110296711310

Thèmes associés: Egalité, discriminations - Environnement - Politique fédérale - Société

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