Tea Party

Les commentateurs de politique étrangère en sont verts de rage: le «Tea Party» évidemment qualifié d’ultraconservateur, de populiste et de mouvement d’extrême-droite, provoque un séisme politique1.

Tirant son nom d’un épisode célèbre de l’histoire américaine, la révolte des colons de Boston contre le Parlement britannique en 1773, le Tea Party contemporain est né d’un mouvement populaire de protestation contre la politique de M. Obama en matière de santé publique.

Mardi 14 septembre, lors de la primaire républicaine du Delaware pour le Sénat, Christine O’Donnell, protégée de l’ancienne candidate à la vice-présidence Sarah Palin, a facilement battu le candidat officiel du parti. Lors de la primaire pour le poste de gouverneur de l’Etat de New York, le candidat du Tea Party Carl Paladino a également battu le candidat républicain officiel Rick Lazio. Dans le New Hampshire, le candidat du Tea Party Ovide Lamontagne a perdu d’un cheveu face à la candidate républicaine Kelly Ayotte.

Au début de cette année, le sénateur républicain Scott Brown avait remporté le siège du sénateur Edward Kennedy au Sénat, dans l’Etat du Massachusetts, pourtant favorable au président Obama, avec l’appui massif du Tea Party.

Selon le professeur de droit Bradley Smith, le Tea Party est un mouvement qui souhaite une Amérique avec moins de gouvernement [fédéral], moins d’impôts et moins de dépenses étatiques.

Cette vision à la fois conservatrice et, comme on pourrait le dire chez nous, fédéraliste de l’Etat nous est, bien entendu, extrêmement sympathique. Pour les mêmes motifs, elle suscite une haine viscérale chez les gens de gauche et plus particulièrement dans la presse romande, qui en est réduite à déterrer, dans la biographie de Mme Christine O’Donnell, des déclarations maladroites de 1996 et 1998 lors d’interviews à la télévision, pour tenter de la ridiculiser, et, à travers elle, de discréditer le mouvement.

En 1996, Mme O’Donnell avait assimilé la masturbation à l’adultère et en 1998, elle avait émis l’avis que la théorie de l’évolution est un mythe. Deux avis qui sont – évidemment – discutables mais qui peuvent être défendus avec des arguments sérieux l’un et l’autre.

Le procédé est lui-même un aveu et les électeurs américains ne s’y trompent pas. Exhumer des extraits d’un direct vieux de douze ou quatorze ans et traiter de «vieux fous racistes» tous les WASP2 dispense l’imbécile de discuter des problèmes actuels et des solutions proposées par le Tea Party de Ron Paul, Christine O’Donnell et les autres.

Que les démocrates et même les républicains englués dans le système prennent garde: il n’est pas sage de sous-estimer l’adversaire. Il vaut mieux lui répondre sur le fond.

Claude Paschoud

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1 24 heures du 16 septembre page 9.

2 White anglo saxon protestant.

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