Editorial

On n’entend plus parler dans la presse que de l’abominable Donald Trump et de son éminence grise, le non moins affreux Elon Musk. Les deux compères sont honnis de tout ce que le monde compte de journalistes de la bonne tendance. Il est de bon ton, en Europe en tous cas, de considérer que le président américain est un insensé dangereux.

Mais si l’on s’arrête un instant à analyser les actions du président Trump au début de son mandat, on doit bien constater qu’il met en application ce qu’il a promis dans son programme électoral et que, si l’on est un démocrate convaincu, ce qui n’est pas mon cas, on devrait applaudir des deux mains, voire des deux pieds. Un candidat fait des promesses, il est élu par une majorité de ses concitoyens et il fait ce qu’il a promis, n’est-ce pas là l’essence même de notre chère démocratie?

Le problème est que, le président américain et son bras droit étant immensément riches, ils ne doivent rien à personne et peuvent agir sans pression, tant ils paraissent se moquer de ce que l’on pense et dit d’eux. Cela ne fait pas les affaires de tous les groupes d’intérêts qui se retrouvent désarmés face au bulldozer qui s’est mis en marche et semble non seulement vouloir changer rapidement et profondément le fonctionnement de l’administration américaine, mais surtout faire la chasse au gaspillage des deniers publics, gaspillage qui comprend la participation des Etats-Unis à tous les programmes d’aides internationaux, à la nébuleuse des ONG de tous poils.

Alors certes, on peut trouver que la forme avec laquelle Donald Trumb traite son monde est un peu cavalière, mais il n’empêche que, depuis son élection, on avance vers la fin des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient. Lorsqu’on a du pouvoir et qu’on est disposé à en faire usage sans se préoccuper de savoir si cela sera bien perçu par la communauté internationale, on peut changer les choses. Que ces changements ne soient pas du goût des élites européennes importe peu. Pour les populations civiles, une mauvaise paix vaut mieux qu’une bonne guerre.

En matière économique, les droits de douane mis en place vont sans doute freiner la croissance dans les prochains mois, tant aux Etats-Unis que dans le reste du monde. Mais ce qui paraît une bêtise aux béotiens n’en est probablement pas une. Donald Trump est confronté à un problème épineux: le refinancement de la dette pharaonique des Etats-Unis. Pour pouvoir éviter la banqueroute, il est nécessaire que les taux directeurs de la Réserve fédérale baissent dans les meilleurs délais. Or, avec une économie dynamique et une inflation soutenue, le directeur de la FED ne reverra pas les taux à la baisse. Il faut donc agir pour «saboter» la croissance et réduire les charges dans le même temps. Un fois la dette refinancée et les coûts maîtrisés, il sera temps d’assouplir les relations avec les principaux partenaires commerciaux.

Lorsque l’on veut décrédibiliser un adversaire, la forme la plus simple est de le traiter de fou, et les détracteurs du chef de la Maison-Blanche ne s’en privent pas. Le sage, lui, sait que, lorsque quelque chose paraît incompréhensible, la première et la plus probable des explications est que le problème vient de la capacité de compréhension de celui qui observe.

Le président Trump, tout antipathique qu’il est, fait preuve d’un remarquable réalisme politique et d’une intelligence stratégique dont ses adversaires n’ont pas la plus petite idée.

Michel Paschoud

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