Appropriation culturelle, un faux débat

20 minutes du 17 février1 annonçait que la Brasserie Lorraine, à Berne, était finalement acquittée, en deuxième instance, du chef d’accusation de discrimination raciale pour avoir interrompu un concert de reggae sous prétexte que les musiciens étaient blancs et qu’il s’agissait donc d’appropriation culturelle. On se demande donc pourquoi cette même brasserie avait organisé le concert, mais quelques recherches nous ont permis de comprendre que le concert avait été interrompu à la demande de spectateurs.

Le tribunal, d’ailleurs, ne se prononce pas sur le fond du problème et la question de la norme antiraciste n’est pas abordée. L’établissement a été acquitté pour une question technique de droit des entreprises.

Toute cette histoire est grotesque. Interrompre la prestation d’un groupe de musiciens sous prétexte qu’ils ne sont pas de la bonne couleur pour jouer du reggae, c’est un peu comme si on disait à la pianiste Yuja Wang qu’elle ne peut pas jouer du Chopin.

Si l’on admet que la musique est un art et que l’art a une vocation universelle, parler d’appropriation culturelle est un non-sens. Durant toute ma jeunesse, on m’a bourré le crâne avec la richesse du multiculturalisme et, aujourd’hui, on empêche des artistes qui ont choisi un style de musique auquel ils s’identifient de jouer sous prétexte qu’ils ne sont pas de la bonne couleur!

Le reggae est l’expression musicale du mouvement spirituel rastafari, une religion d’origine jamaïcaine, dont le messie est le roi d’Ethiopie Haïlé Sélassié Ier. Faut-il être noir pour pouvoir y adhérer? Faut-il être asiatique pour devenir bouddhiste?

Ce qu’a démontré cette affaire, c’est avant tout la stupidité de certains spectateurs du concert, qui, au lieu de profiter de la musique ou de s’en aller si cela ne leur plaisait pas, ont préféré priver les autres du plaisir d’une soirée musicale. Plus idiots encore, les tenanciers de la brasserie, qui, au lieu d’assumer le choix de la programmation et d’inviter les mécontents à aller se faire voir chez les Grecs, ont baissé leurs pantalons devant la crainte d’être perçus comme d’abominables on-ne-sait-pas-quoi.

Idiots aussi, les jeunes UDC qui ont porté plainte contre la brasserie pour discrimination raciale, alors qu’ils clament haut et fort que cette loi est une arme utilisée par leurs adversaires pour les attaquer. Il aurait été bien plus élégant de se moquer de la sottise de toute cette clique de hippies et de laisser crouler cette affaire sous le poids du ridicule.

Mi. P.

 

1 https://www.20min.ch/fr/story/suisse-le-bar-bernois-qui-a-vire-des-rastas-blancs-n-est-pas-puni-103283359.

Thèmes associés: Culture - Divers - Egalité, discriminations - Justice - Politiques diverses

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