Editorial
On ne parle que de Donald Trump et de ses droits de douane, qui bouleversent toute la communauté internationale. Les journalistes et adversaires de tous poils se répandent en imprécations à l’encontre de l’affreux rouquin.
Les droits de douane sont des outils qui servent à protéger les producteurs nationaux contre la concurrence de produits importés et permettent d’engendrer des recettes fiscales bienvenues. Ces dernières décennies, on a cherché par tous les moyens à supprimer les barrières entravant les mouvements de marchandises afin d’organiser un marché global. La Chine et l’Inde, avec une population de plus de deux mille millions d’individus et le salaire moyen d’un ouvrier ne dépassant pas les 350 euros, se sont positionnées naturellement comme les principaux acteurs de la manufacture de produits de consommation. Une des conséquences est évidemment l’augmentation du transport de fret et son corollaire, les émissions de gaz à effet de serre, une des causes probables du changement climatique.
Le locataire de la Maison-Blanche a été élu par les Américains, pour le bien des Américains. Or quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les Etats-Unis? Une dette abyssale, une concurrence économique féroce, une forte dépendance vis-à-vis de l’Asie pour le refinancement de la dette et des dépenses publiques pharaoniques. Afin de pouvoir tenir ses promesses électorales et revaloriser le pouvoir d’achat des Américains les plus défavorisés, Trump doit trouver un subtil équilibre entre maîtrise de l’inflation, baisse des taux d’intérêts, refinancement de la dette américaine au meilleur prix, chasse au gaspillage des deniers publics et, surtout, soutien aux entreprise nationales.
Pour y parvenir, le président américain joue sur les effets d’annonce, prend des mesures extrêmes et attend les réactions de ses partenaires commerciaux pour se tailler des accords bilatéraux sur mesure au cas par cas.
Mais on pourrait voir les mesures prises par le président américain comme une occasion salutaire de changer la donne et de revenir à une économie locale, avec des produits, certes plus chers, mais aussi plus durables. Quelle nécessité y a-t-il de manger du raisin en mars ou des fraises en janvier? Pourquoi nos téléphones ne pourraient-ils pas être modulaires, offrant la possibilité à l’utilisateur de changer les pièces défectueuses ou obsolètes au lieu de l’appareil en entier? Pour quelle raison les lave-linge ont-ils une vie utile de huit ans aujourd'hui, alors qu’ils pouvaient durer trente ans il n’y a pas si longtemps?
Le modèle économique dans lequel nous vivons est en parfaite adéquation avec la logique de consommation frénétique et la nécessité de possession névrotique qui nous sert de placebo contre l’angoisse insondable du vide de nos valeurs. Lorsque je posséderai tel machin, je serai enfin heureux… Les seuls bénéficiaires de cette situation sont les psys de tous poils, dont les cabinets se multiplient.
Michel Paschoud
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