Ne dites pas…
Ne dites pas, à propos d’un cambrioleur pris sur le fait: «Les gérants du restaurant “se sont retrouvés nez à nez avec le malotru.”»1 Dites: «Les gérants du restaurant “se sont retrouvés nez à nez avec le malfaiteur.”»
J’ignore si l’auteur du compte rendu ne sait pas distinguer un grossier personnage d’un délinquant ou s’il considère que s’approprier le bien d’autrui n’est qu’une forme d’impolitesse. Je penche pour l’ignorance, car la moralité des gens de presse est au-dessus de tout soupçon. Il en va de même lorsqu’un journaliste parle de «larcins» à propos de vols de voitures de luxe2: on ne saurait supposer qu’il met le vol d’une pomme sur le même pied que celui d’une Ferrari, d’une Porsche ou d’une BMW flambant neuve.
Il arrive à tout le monde de commettre une faute de grammaire ou de vocabulaire. Mais c’est plus ou moins pardonnable selon que la maîtrise de la langue fait partie de votre métier ou, au contraire, n’a pas d’incidence sur l’exercice de votre activité.
La maîtrise de la langue est un élément essentiel de la crédibilité des journalistes.
Il semble pourtant que le bon usage ne figure pas au programme de leur formation.
Hélas!
Le pinailleur
2 20 minutes du 3 novembre, p. 5.