Editorial

Je lis la presse et j’en viens à me demander si c’est moi qui suis totalement déconnecté des réalités ou si le monde part en sucette. Quelques exemples extraits de mon quotidien en ligne:

25 novembre: Jammie Booker, une transsexuelle, gagne le titre de la femme la plus forte du monde. Certaines de ses adversaires ont manifesté leur mauvaise humeur, soulignant que, «dans les sports de force, il y a des différences physiques qui ne disparaissent pas». On ne peut que leur donner raison et se réjouir que, dans ce cas, le bon sens l’emporte sur le dogmatisme égalitariste. Les athlètes nés mâles devraient participer aux compétitions dans la catégorie qui correspond à leur sexe de naissance, ou à la limite dans une catégorie propre. Gageons que les mâles nés femelles ne seront pas nombreux à s’y inscrire

9 décembre: la Grève féministe s’insurge contre le grimage noir du Père Fouettard lors du cortège de la Saint-Nicolas à Fribourg. On comprend que les féministes abhorrent le maquillage, symbole de l’oppression patriarcale, mais on ne pensait pas que cela irait jusqu’à inclure les déguisements des fêtes populaires. Rassurez-vous, ce n’est pas le maquillage en lui-même qui pose un problème, mais bien le racisme évident dont font preuve tous les cortèges de la Saint-Nicolas depuis qu’ils existent. Rendez-vous compte! Le méchant Père Fouettard était en fait africain, et son sombre visage n’a rien à voir avec le charbon qu’il distribue ou la peur qu’il est censé inspirer aux enfants pas sages.

9 décembre encore: Brigitte Macron, venue assister au spectacle de Ary Abittan, humoriste ayant été accusé de viol en 2021 et blanchi après trois ans d’enquête, traite de «sales connes» les militantes féministes venues manifester contre la tenue du spectacle. Les réseaux sociaux s’enflamment et Judith Godrèche, actrice plus connue aujourd’hui pour ses prises de position militantes que pour son talent, écrit: «Moi aussi je suis une sale conne, et je soutiens tous.tes les autres.» Tout est dit et on se doit de saluer l’honnêteté et la franchise de cette sale conne.

12 décembre: Marco Odermatt, le champion de ski alpin, a été victime d’attouchements en mars dernier, alors qu’il se trouvait à Sun Valley aux Etats-Unis. Non, ce grand gaillard n’a pas été tripoté par un pédophile bigleux. Une femme lui a tapé sur les fesses, et il n’a pas trouvé ça drôle du tout. Moi, j’aurais trouvé ça amusant à sa place. Il aurait pu lui rendre la pareille, voire, comme il s’agissait d’un pari avec un gain pécuniaire à la clé, exiger une partie des bénéfices. Tout devient si sérieux et triste qu’une tape sur les fesses fait les titres de la presse. Je ne sais pas comment les nouvelles générations vont faire pour s’accoupler. Ça risque de ne pas être facile avec les avocats à côté du lit.

12 décembre encore: Miss Finlande est destituée pour avoir partagé une photo d’elle étirant ses yeux pour les brider alors qu’elle mangeait dans un restaurant chinois. Encore un acte d’un racisme abominable, un dénigrement intolérable de tous les Asiatiques. Ça va mal se passer dans les cours de récréation lorsque Benoît fera le gag de «mon père est chinois, ma mère est japonaise et moi je suis mal foutu».

Une société dans laquelle les exemples précédents sont dignes de faire l’objet d’articles de journaux est une société malade. La presse atteint petit à petit le niveau intellectuel des réseaux sociaux et l’abrutissement des masses est entré dans sa phase finale. Tout n’est plus qu’émotion, la réflexion et l’esprit critique ne font pas recette.

Michel Paschoud

Thèmes associés: Egalité, discriminations - Médias - Société

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