La chronique irrégulière du libéral

La gauche et la droite sont des concepts parfaitement obsolètes.

La politique, à l’époque de la guerre froide, était, dans un certain sens, rassurante. Nous pouvions, avec plus ou moins de conviction et moyennant quelques nuances, soutenir un camp ou l’autre. D’un côté, nous avions l’Occident, souvent mené par une droite parfaitement identifiable, avec Reagan et Thatcher, d’un autre, une URSS déclinante, son modèle prouvant son incompétence comme la vacuité de ses idées. Ses variantes occidentales, un brin plus modérées – je pense à Mitterand en 1981 – ont provoqué des catastrophes économiques et idéologiques dont la France devra tôt ou tard payer l’addition.

Depuis la chute du Mur, l’humanité a brièvement semblé pouvoir vivre en paix, dans un monde enfin capitaliste. Les idées de gauche, dans leurs versions les plus extrêmes, étaient définitivement vaincues par la preuve de l’Histoire. Et pourtant, nous constatons aujourd’hui que notre monde est plus que jamais conflictuel, divisé, violent, émotionnel, irrationnel et illisible. La Russie libérée a tourné en une dictature menée par un pur produit du KGB, les Etats-Unis ne soutiennent plus l’Europe, l’Europe ne ressemble à rien, la Suisse n’est plus neutre. De nouvelles idéologies, plus effrayantes les unes que les autres, ont émergé: le mondialisme, l’anti-mondialisme, le wokisme, l’évangélisme, qui n’a plus rien de protestant, le protestantisme, qui n’a plus rien de religieux, l’islamisme, l’islamophobie, la radicalisation tous azimuts.

Plus récemment, nous découvrons, ébahis, l’intimidation économique, le climato-scepticisme, le terrorisme écologique et j’en passe. Tout et son contraire. Ces dix dernières années ont vu émerger des droites qui ne croient plus en la liberté ni en la démocratie, des gauches antisémites au fonctionnement dictatorial, des alliés ambigus, des universités à la dérive et des superpuissances, établies ou émergentes, dont on ne comprend plus les objectifs.

Toutes ces tendances, toutes les politiques de notre temps, sont et ont été amplifiées par de nouvelles influences, extrêmement puissantes. Les réseaux sociaux et autres médias alternatifs, dont on sait aujourd’hui qu’ils sont gérés pour leur grande majorité par des algorithmes, dictent l’opinion. Dites-moi: quels problèmes du Royaume-Uni ont été réglés par le Brexit? Strictement aucun. Les problèmes anglais sont les mêmes, ni plus ni moins, qu’il y a dix ans. Ce qu’on a pu apprendre de cette saga Outre-Manche est que le débat était fortement influencé par le vrai problème, que ni la gauche ni la droite ne semble comprendre: l’avènement progressif de l’intelligence artificielle (IA).

Prenons une thématique traditionnelle que nos lecteurs, que l’on pourrait classer à droite sans trop de polémiques, ont à cœur de réguler: l’immigration. Quels sont les problèmes que l’immigration, en particulier celle qui est incontrôlée, engendrent? Nous répondrions, par exemple, que le chômage et le dumping salarial s’accroissent, que nos repères culturels sont mis en danger, ou que la culture importée est incompatible avec notre démocratie et nos libertés… Que prépare l’intelligence artificielle? Elle est en passe de détruire massivement nos emplois, elle travaillera indéfiniment jour et nuit à bien meilleur coût que le salarié le moins bien payé issu de l’immigration illégale, sa culture n’est pas humaine et sa capacité à manipuler insidieusement notre démocratie a déjà largement prouvé sa redoutable efficacité.

Gauche, droite, libéral, conservateur, progressiste, anticapitaliste, altermondialiste? Je pense que le problème n’est plus là. La seule chose dont nous devrions nous préoccuper aujourd’hui, c’est de protéger l’humanité contre l’artificiel, qui pourrait bien tout emporter. La voilà, la vraie question. Nous devrions immédiatement réfléchir au futur que nous souhaitons pour nos enfants, sans tarder, car les algorithmes se développeront exponentiellement, beaucoup plus vite que ce que nos systèmes éducatifs pourront jamais absorber. Un système scolaire qui apprend des connaissances n’a aucune espèce de chance de survie face à l’IA, qui a déjà accès à la totalité des savoirs humains en quelques secondes. Il est urgent de changer de paradigme, de réfléchir sérieusement à notre place et à ce que nous souhaitons construire, plus tellement en termes sociétaux ou idéologiques, mais en tant que genre humain. Et sincèrement, j’espère que j’ai tort. J’aimais bien nos bons vieux blocs, j’aimais m’offusquer des initiatives absurdes de la Jeunesse socialiste toujours balayées. C’était le bon vieux temps.

Précisons à nos lecteurs que cet article a été rédigé par son auteur et uniquement par son auteur. Question de cohérence.

Arnaud Etienne

Thèmes associés: Ethique - Histoire - Politique générale

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