Editorial

L’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima à la suite du tremblement de terre et du tsunami du 11 mars a remis en question, en Suisse notamment, l’utilisation de l’énergie nucléaire et en particulier l’opportunité de construire de nouvelles centrales ou de conserver celles qui existent déjà. Pour Doris Leuthard, chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, «la sécurité et le bien-être de la population ont la priorité absolue», ce qui l’a conduite à geler dans la précipitation les procédures sur les demandes de construction de centrales nucléaires de remplacement, à avancer le réexamen de la sécurité des centrales en activité et à confier à l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) l’éventuelle élaboration de normes de sécurité plus strictes.

On a un peu l’impression que sans l’accident de Fukushima notre «ministre» se serait fort bien accommodée de centrales peut-être insuffisamment sécurisées1 et que son zèle soudain tient davantage à des motifs politiques et démagogiques – les élections fédérales approchent – qu’à une véritable crainte de voir une vague de quatorze mètres, sortie d’un de nos paisibles lacs, déclencher un désastre nucléaire. Si tel n’était pas le cas, d’ailleurs, elle annoncerait en bonne logique sa décision de faire vider, au moins provisoirement, les lacs de nos barrages, afin de faire vérifier la solidité de ces derniers, tant il est vrai qu’une rupture de barrage est une catastrophe digne d’un accident nucléaire.

Quoi qu’il en soit, cette affaire a pour conséquence que, contrairement à ce qui était prévu, les Vaudois n’auront pas à se prononcer le 15 mai sur les procédures d’autorisation générale pour le remplacement des centrales nucléaires de Mühleberg, Niederamt et Beznau. Outre le fait que ces centrales ne verront peut-être jamais le jour, le résultat de la votation, dans le contexte actuel, n’aurait pu être que faussé. Et c’est pourquoi nous nous étonnons que le scrutin sur le dépôt en couches profondes des déchets nucléaires ait été maintenu. Certes, l’accident japonais n’a rien à voir avec le nécessaire stockage des déchets radioactifs, mais beaucoup de gens n’y regardent pas de si près du moment qu’il s’agit de nucléaire – et on peut compter sur les écolos pour entretenir l’ambiguïté. Le vote ne signifiera donc pas grand-chose.

Plus importants seront les résultats des deux autres objets sur lesquels les citoyens du Pays de Vaud devront se prononcer le 15 mai, à savoir l’initiative «pour le droit à un salaire minimum» lancée par divers mouvements de gauche et la loi, qui a fait l’objet d’un référendum, sur les prestations complémentaires cantonales pour familles et prestations cantonales de rente-pont (LPCFam), destinée à venir en aide aux familles avec enfants âgés de moins de seize ans qui travaillent mais ne disposent pas d’un revenu suffisant et aux chômeurs en fin de droit proches de l’âge de la retraite.

Nous les refuserons toutes les deux: la première parce qu’elle favoriserait l’intervention étatique dans l’économie et risquerait d’entraîner un alignement de nombreux salaires sur le salaire minimum; la seconde parce qu’elle prélèverait l’argent nécessaire chez les entreprises et les salariés qu’on n’a que trop tendance à transformer en vaches à lait.

Qu’on se rassure: nous n’avons rien contre les vaches, mais nous les préférons dans les prés.

Le Pamphlet

1 En fait, l’ISFN n’a pas attendu le 11 mars pour effectuer son travail.

Thèmes associés: Politique fédérale

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