En direct de Sirius
Le «concert des nations», c’est surtout un orchestre de chambre…
…dont on aimerait bien connaître le chef – ou plutôt ceux qui le mandatent pour s’inviter chez les autres avec ses pique-assiettes. C’est en effet sous cette étiquette idyllique que les habituels cosmopolites «démocratolâtres» nous ont vendu la nouvelle croisade des «forces du Bien». Car même s’il est vrai – comme l’a si justement relevé le Ronchon dans un article digne d’être encadré1 – qu’on ne sait pas toujours où placer le Y en «Libye» et que la coupe de cheveux du colonel qui dirige ce pays est d’un style discutable2qui s’accorde mal avec la plupart de ses tenues militaires, n’est-il pas légitime de se demander pourquoi une demi-douzaine de coalisés s’ingénient à vouloir y mettre du désordre à coup de barbouzeries3 sournoises, de pâles résolutions onusiennes et de bombes «made in OTAN»? «Mais voyons, me répondrez-vous, c’est au nom du fameux “droit d’ingérence” si cher au bon docteur Kouchner, ci-devant préposé aux affaires étrangères aux français; toujours sonore et ingérant, même s’il n’est plus ministre». Et vous n’aurez pas tort. Il suffit désormais d’invoquer ce sésame juridique et de trouver, assorti à un penseur mondain en lévitation, un nain fébrile qui crie «retenez-moi!»… pour aller dare-dare aider à ne pas mettre de l’ordre dans des pays souverains préalablement décrétés «dictatures» au prétexte qu’ils n’ont pas le culte de l’écran plat ou de goût pour le cheeseburger, et qu’ils préfèrent garder leurs femmes au sein de leur culture plutôt que les envoyer s’offrir à tout un chacun et ouvrir leurs cœurs d’artichauts face à nos caméras de «téléréalité».
Et comment appelle-t-on, dans cette cour de récréation internationale, une demi-douzaine de grands costauds qui se liguent pour taper, à distance et sans gloire, sur un beaucoup plus petit en prenant bien garde de ne pas se risquer au corps-à-corps? Moi, j’appelle ça des lâches. Et en dépit de la navrante réserve de nos peuples assoupis, un poil durs de la feuille, je trouve que le «concert des nations» est un vilain groupe de massacreurs pas du tout populaires, qui vont où bon leur semble jouer faux leurs sinistres partitions.
Un Autrichien debout
En espérant que le document n’a pas été «nettoyé», nos lecteurs qui surfent devraient se rendre sur la toile4 pour y découvrir une intervention vigoureuse, au Parlement autrichien, du député Ewald Stadler (BZÖ) exigeant que l’ambassadeur de Turquie soit déclaré persona non grata en réponse aux prises de positions radicales de ce dernier en matière de colonisation islamique ainsi qu’à l’assassinat – une vraie boucherie avec décollation au couteau – de l’archevêque italien Luigi Padovese le 3.6.2010 à Iskenderun. Il est réconfortant de constater que l’Autriche, en dépit du parlementarisme, est encore capable de produire des hommes courageux.
«Route Irish» (à la recherche d’un ami perdu «au mauvais endroit, au mauvais moment»)
La «Route Irish» n’est pas seulement l’un des itinéraires les plus dangereux d’Irak, c’est aussi la seule voie terrestre pour se rendre de l’aéroport international de Bagdad à la zone sécurisée pour les étrangers dite «Green zone». Le talentueux cinéaste anglais Ken Loach l’a choisie, en conjonction avec les quartiers populaires de Liverpool, pour y camper l’action de son film éponyme. Le film est dur, net, sans pudibonderie ni grandiloquence, mais certainement pas sans humanité. C’est une œuvre dérangeante pour le système, qui risque donc fort de passer à la trappe; parce que, chez Loach, la fiction rattrape toujours la réalité.
On y prend la mesure du formatage du sous-prolétariat des villes ouvrières britanniques en agents de destruction massive conditionnés, presque aussi inoxydables que des robots mais en sus capables d’apporter au produit fini – les sociétés paramilitaires «de sécurité et de protection» (!) – une inquiétante mesure de spécialité humaine: la destruction ludique; le casse-pipes promu au rang de divertissement pour anciens des troupes spéciales.
En passant, le réalisateur démontre l’efficacité toute relative de la torture, mais surtout, il expose au grand jour ce que sont, en Irak – et de plus en plus ailleurs –, ces pratiques armées privées, en marge du droit des gens et qui échappent aux conventions internationales, dont les spécialistes de l’élimination – en clair: des mercenaires – servent sans états d’âmes, en toute impunité, à déblayer la route aux grands prédateurs industriels et financiers qui nous valent tant de guerres. Ecœurant.
Mais comme Loach a du cœur, il accorde au spectateur la délectable satisfaction de voir les malfaisants finalement rattrapés par leur propre logique, quand bien même son héros, les yeux dessillés, découvre en mer d’Irlande l’aboutissement de la «Route Irish».
«Cinq cents mots pour la dissidence»
Voilà le programme que s’est fixé le Dictionnaire de la réinformation – mot que mon traitement de texte, en pur produit du système, met en doute d’entrée de jeu – nouveau vade-mecum pour incorrects produit par nos amis de Polémia5, grands pourfendeurs du formatage, déjà coupables d’avoir commis l’inexpiable Dictionnaire de novlangue. Un livre roboratif à lire de A, comme «Action. “Agir en homme de pensée, penser en homme d’action”: il est dommage que la droite française ait perdu de vue cette maxime», à Z, comme «Zombie. [Comme en Haïti, les sicaires du système dominant, par la] zizique et les zinfos transforment les zhommes en zombies», en passant par M, comme «Moralement correct. Discours d’inversion des valeurs de vie, encourageant l’avortement, promouvant l’homosexualité et dévalorisant la famille. Voir Tradition».
Choix cruel (anecdote immorale)
Renseigné par son fils, pour lier connaissance, il m’avait convié à savourer chez eux un plat jamais servi dans cette moitié sud de l’Afrique. C’était l’un de mes plats favoris. Sa femme me l’avait préparé tout exprès. Entre les pâtisseries au miel et l’arrivée du café turc, il me présenta la petite note: peut-être serais-je susceptible de lui décrocher quelque emploi au sein du groupe que je représentais? Je l’ai bien regardé et bien remercié. Puis j’ai rallié mon bureau pour y reprendre, sans autre, les affaires en cours.
Il était de ces gens qui s’insinuent, tout humbles, pour mieux vous évincer ensuite.
Max l’Impertinent
…dont on aimerait bien connaître le chef – ou plutôt ceux qui le mandatent pour s’inviter chez les autres avec ses pique-assiettes. C’est en effet sous cette étiquette idyllique que les habituels cosmopolites «démocratolâtres» nous ont vendu la nouvelle croisade des «forces du Bien». Car même s’il est vrai – comme l’a si justement relevé le Ronchon dans un article digne d’être encadré1 – qu’on ne sait pas toujours où placer le Y en «Libye» et que la coupe de cheveux du colonel qui dirige ce pays est d’un style discutable2qui s’accorde mal avec la plupart de ses tenues militaires, n’est-il pas légitime de se demander pourquoi une demi-douzaine de coalisés s’ingénient à vouloir y mettre du désordre à coup de barbouzeries3 sournoises, de pâles résolutions onusiennes et de bombes «made in OTAN»? «Mais voyons, me répondrez-vous, c’est au nom du fameux “droit d’ingérence” si cher au bon docteur Kouchner, ci-devant préposé aux affaires étrangères aux français; toujours sonore et ingérant, même s’il n’est plus ministre». Et vous n’aurez pas tort. Il suffit désormais d’invoquer ce sésame juridique et de trouver, assorti à un penseur mondain en lévitation, un nain fébrile qui crie «retenez-moi!»… pour aller dare-dare aider à ne pas mettre de l’ordre dans des pays souverains préalablement décrétés «dictatures» au prétexte qu’ils n’ont pas le culte de l’écran plat ou de goût pour le cheeseburger, et qu’ils préfèrent garder leurs femmes au sein de leur culture plutôt que les envoyer s’offrir à tout un chacun et ouvrir leurs cœurs d’artichauts face à nos caméras de «téléréalité».
Et comment appelle-t-on, dans cette cour de récréation internationale, une demi-douzaine de grands costauds qui se liguent pour taper, à distance et sans gloire, sur un beaucoup plus petit en prenant bien garde de ne pas se risquer au corps-à-corps? Moi, j’appelle ça des lâches. Et en dépit de la navrante réserve de nos peuples assoupis, un poil durs de la feuille, je trouve que le «concert des nations» est un vilain groupe de massacreurs pas du tout populaires, qui vont où bon leur semble jouer faux leurs sinistres partitions.
Un Autrichien debout
En espérant que le document n’a pas été «nettoyé», nos lecteurs qui surfent devraient se rendre sur la toile4 pour y découvrir une intervention vigoureuse, au Parlement autrichien, du député Ewald Stadler (BZÖ) exigeant que l’ambassadeur de Turquie soit déclaré persona non grata en réponse aux prises de positions radicales de ce dernier en matière de colonisation islamique ainsi qu’à l’assassinat – une vraie boucherie avec décollation au couteau – de l’archevêque italien Luigi Padovese le 3.6.2010 à Iskenderun. Il est réconfortant de constater que l’Autriche, en dépit du parlementarisme, est encore capable de produire des hommes courageux.
«Route Irish» (à la recherche d’un ami perdu «au mauvais endroit, au mauvais moment»)
La «Route Irish» n’est pas seulement l’un des itinéraires les plus dangereux d’Irak, c’est aussi la seule voie terrestre pour se rendre de l’aéroport international de Bagdad à la zone sécurisée pour les étrangers dite «Green zone». Le talentueux cinéaste anglais Ken Loach l’a choisie, en conjonction avec les quartiers populaires de Liverpool, pour y camper l’action de son film éponyme. Le film est dur, net, sans pudibonderie ni grandiloquence, mais certainement pas sans humanité. C’est une œuvre dérangeante pour le système, qui risque donc fort de passer à la trappe; parce que, chez Loach, la fiction rattrape toujours la réalité.
On y prend la mesure du formatage du sous-prolétariat des villes ouvrières britanniques en agents de destruction massive conditionnés, presque aussi inoxydables que des robots mais en sus capables d’apporter au produit fini – les sociétés paramilitaires «de sécurité et de protection» (!) – une inquiétante mesure de spécialité humaine: la destruction ludique; le casse-pipes promu au rang de divertissement pour anciens des troupes spéciales.
En passant, le réalisateur démontre l’efficacité toute relative de la torture, mais surtout, il expose au grand jour ce que sont, en Irak – et de plus en plus ailleurs –, ces pratiques armées privées, en marge du droit des gens et qui échappent aux conventions internationales, dont les spécialistes de l’élimination – en clair: des mercenaires – servent sans états d’âmes, en toute impunité, à déblayer la route aux grands prédateurs industriels et financiers qui nous valent tant de guerres. Ecœurant.
Mais comme Loach a du cœur, il accorde au spectateur la délectable satisfaction de voir les malfaisants finalement rattrapés par leur propre logique, quand bien même son héros, les yeux dessillés, découvre en mer d’Irlande l’aboutissement de la «Route Irish».
«Cinq cents mots pour la dissidence»
Voilà le programme que s’est fixé le Dictionnaire de la réinformation – mot que mon traitement de texte, en pur produit du système, met en doute d’entrée de jeu – nouveau vade-mecum pour incorrects produit par nos amis de Polémia5, grands pourfendeurs du formatage, déjà coupables d’avoir commis l’inexpiable Dictionnaire de novlangue. Un livre roboratif à lire de A, comme «Action. “Agir en homme de pensée, penser en homme d’action”: il est dommage que la droite française ait perdu de vue cette maxime», à Z, comme «Zombie. [Comme en Haïti, les sicaires du système dominant, par la] zizique et les zinfos transforment les zhommes en zombies», en passant par M, comme «Moralement correct. Discours d’inversion des valeurs de vie, encourageant l’avortement, promouvant l’homosexualité et dévalorisant la famille. Voir Tradition».
Choix cruel (anecdote immorale)
Renseigné par son fils, pour lier connaissance, il m’avait convié à savourer chez eux un plat jamais servi dans cette moitié sud de l’Afrique. C’était l’un de mes plats favoris. Sa femme me l’avait préparé tout exprès. Entre les pâtisseries au miel et l’arrivée du café turc, il me présenta la petite note: peut-être serais-je susceptible de lui décrocher quelque emploi au sein du groupe que je représentais? Je l’ai bien regardé et bien remercié. Puis j’ai rallié mon bureau pour y reprendre, sans autre, les affaires en cours.
Il était de ces gens qui s’insinuent, tout humbles, pour mieux vous évincer ensuite.
Max l’Impertinent
NOTES:
1 Le souci d’être neutre du bon côté, La Nation (Lausanne), 25.3.2011, n° 1911, p. 4.
2 En particulier quand il porte sa casquette d’officier.
3 Le lecteur perspicace n’aura pas manqué de s’étonner de la floraison «spontanée» – dès le premier jour! – de fanions factieux, de facture standardisée irréprochable, chez des insurgés dont la seule urgence était et demeure la recherche et l’accumulation d’armes et de logistique.
4 www.youtube.com (rechercher: ewald stadler turquie).
5 10 €, chez les mêmes, 60 ter, rue Jean-Jacques Rousseau, F-92500 Rueil-Malmaison, ou www.polemia.com.
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