Editorial

    Il est toujours déplaisant de perdre. Mais la défaite est moins pénible quand la joute a été loyale.

    Le moins qu’on puisse dire est que ce ne fut pas le cas au cours de la campagne sur l’école vaudoise, qui s’est achevée le 4 septembre. Alors qu’on aurait dû assister à un affrontement portant sur des questions de fond – et Dieu sait qu’il y avait des choses à dire –, les adversaires de l’initiative «Ecole 2010», aussitôt connu, le 22 août, le sondage MIS Trend qui la donnait  gagnante avec 56% des voix, ont quitté le terrain du débat pour se placer sur celui de la basse cuisine politicienne. Maniant avec un talent digne d’une meilleure cause la diabolisation – initiants = suppôts de l’UDC –, le mensonge – introduction des notes dès l’école enfantine, ghettoïsation des élèves caractériels – et la «stigmatisation» de certains partisans de l’initiative – des créationnistes, abomination –, les thuriféraires de la LEO se sont conduits comme des voyous, Anne-Catherine Lyon en tête. L’unique excuse de cette dernière est que, loin de la rappeler à l’ordre, la plupart des autres conseillers d’Etat l’ont imitée et ont accepté que, sous prétexte d’information, elle utilise les deniers de l’Etat à des fins de tromperie, et d’intimidation du corps enseignant. Comme si cela ne suffisait pas, ils sont descendus avec elle dans la rue pour jouer les militants de base.

    Anne-Catherine Lyon et ses collègues, ou du moins la majorité d’entre eux, ont oublié le respect qu’ils doivent à leur fonction. Ils semblent n’avoir pas compris que, une fois élus, les membres du Conseil d’Etat sont au service de la communauté vaudoise tout entière vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dussent-ils parfois se priver de sommeil.

     Mais, bien sûr, ce comportement scandaleux était indispensable au succès de la LEO. En effet, les Vaudois, par tempérament, par «amour des lois» ou par paresse, ont tendance à se ranger derrière les autorités de leur canton. Tant qu’étaient en jeu deux conceptions de l’école défendues par des citoyens, les chances de gagner des uns et des autres dépendaient de la crédibilité des arguments en présence. A partir du moment où le pouvoir mettait tout le poids de son influence dans la balance, les dés étaient pipés. Du coup, l’école vaudoise est dans la pétaudière pour longtemps encore.

Les auteurs et partisans de l’initiative «Ecole 2010» ont pris acte de leur défaite avec une méritoire dignité. Mais on peut être assuré que le système démocratique a perdu quelques adeptes. C’est toujours ça de pris sur l’ennemi!

Le Pamphlet

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