La menace du jasmin

PolluxLe Pamphlet n° 410 Décembre 2011
Lorsque plusieurs gouvernements d’Etats d’Afrique du Nord ont commencé à être renversés, au début de cette année, par des révolutions se présentant sous d’innocents noms de couleurs, de fleurs, de parfums ou d’épices et toujours décrites avec un romantisme béat par la molle masse des journalistes occidentaux, il est apparu évident aux gens de chez nous, citoyens lambda et simples pékins, que ces événements allaient porter au pouvoir les milieux islamistes les plus radicaux et que le monde occidental n’avait rien, mais alors rien du tout de bon à en attendre.

Des «experts» ont alors pris la parole dans les médias pour nous rassurer: ces révolutions étaient menées par des jeunes gens avides de démocratie et de modernité, et donc hostiles à l’intégrisme religieux. Leurs seules armes étaient Facebook et Twitter, leurs seuls rêves un mode de vie occidental et l’avènement d’un monde meilleur.

Moins d’une année plus tard, toutes les élections qui se sont déroulées ont abouti à des victoires éclatantes des milieux islamistes les plus radicaux.

Alors que les journalistes occidentaux affichent leur surprise – peut-être sincère chez les plus sots d’entre eux –, les experts, eux, ne se laissent pas démonter et continuent à affirmer, imperturbables, que ces révolutions colorées et parfumées sont démocratiques et progressistes et que tout le reste n’est qu’apparence, un point c’est tout.

Un expert est un personnage qui prétend tout savoir tout en ne sachant rien, et qui se trompe systématiquement sans jamais l’admettre ni rien apprendre de ses erreurs.

*   *   *


Sans minimiser l’incompétence des experts, on doit admettre que le politiquement correct joue aussi un rôle dans l’aveuglement des Européens face aux événements d’Afrique du Nord. Les islamistes n’existent pas en tant que tels sur notre axe officiel du Bien et du Mal; ils se fondent dans le grand ensemble des «musulmans», lesquels sont – sinon mathématiquement du moins par décret – majoritairement modérés et tolérants. Il nous est par conséquent moralement – et donc légalement – interdit de considérer comme ennemis les mille millions de mollahs qui, avec l’assistance infatigable de l’Oncle Sam, préparent désormais leur jihad sur le flanc sud de notre continent.

En revanche, nous sommes autorisés, voire encouragés, à nous indigner de la victoire du parti de Vladimir Poutine aux dernières élections russes. Car ces élections, de l’avis unanime des experts, ont été abjectement manipulées (sous-entendu: contrairement à celles des Etats arabes, contre lesquelles aucun commentateur n’aurait osé porter de telles accusations). Les eurocrates s’en réjouissent, qui voient là l’occasion de se refaire une virilité en roulant les mécaniques face à un pouvoir russe qui, lui au moins, ne constitue pas une menace. Le Parlement européen, resté muet après les succès du parti Ennahda en Tunisie et des Frères musulmans en Egypte, a condamné la victoire de Russie unie et a officiellement demandé que «de nouvelles élections libres et régulières soient organisées».

Des Européens de souche, chrétiens orthodoxes de surcroît, ne sauraient en effet être considérés comme des amis par une Europe occidentale renégate de son héritage chrétien et de ses racines européennes.

Pollux

Thèmes associés: Coups de griffe - Politique internationale

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