Au courrier

C. B.Le Pamphlet n° 412 Février 2012

Madame la Rédactrice,

Occupée avec grand intérêt à lire l'article de Monsieur de Preux, j'en ai recherché sur Internet la source et j'y ai trouvé un texte légèrement différent adressé à Monsieur Bazin et publié dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917. Monsieur de Preux nous écrit que cette lettre était destinée à Monsieur de Fitz-James.

Voici l'extrait du texte tel que nous le livre Monsieur de Preux:

«Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement analogue à celui de la Turquie: une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruira à la française, sans avoir l'esprit ni le coeur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais en gardant l'étiquette pour par elle influencer les masses… et quand elle trouvera l'occasion, (…) elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever les masses ignorantes et chercher à créer un empire africain musulman indépendant.»

Et voici celui que j'ai trouvé sur internet (adressé à Monsieur Bazin):

«(…) une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni le coeur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses» ... «quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.»

Savez-vous s'il existe deux lettres?

Merci d'assouvir, si vous pouvez, ma curiosité.

C. B.

***

La rédaction s'est adressée à Michel de Preux, dont voici la réponse:

Chère Madame,

Pardonnez-moi ce retard, mais j'ai mis un certain temps à comprendre la question!... quand bien même je ne suis pas Bernois.

Il m'a fallu, en effet, me souvenir du contenu de l'introduction de mon livre de référence1. L'extrait en question se trouve à la page 78 et à la page 79. Il s'agit bien d'une lettre adressée au duc de Fitz-James, sans indication de date.

Mais votre correspondante n'a pas tort non plus! Voici pourquoi: «Charles de Foucauld, grand polygraphe, peut-être répétitif: ainsi des expressions, des phrases, des paragraphes entiers se répètent mot pour mot d'une lettre à l'autre, ou d'un carnet à l'autre. Nous avons tenté de limiter l'effet de monotonie autant qu'il se pouvait, mais sans le faire disparaître totalement.»2

Heureusement pour le lecteur de ce livre. Et tant pis, au contraire, pour le lecteur critique, exigeant et rigoureux, qui a naturellement raison de l'être mais ne pouvait songer, comme moi d'ailleurs, aux défauts encombrants des saints!

Bien à vous dans ce malheur plein de béatitude.

Michel de Preux

 

1 Charles de Foucauld – Pensées intempestives, dérangeantes et incorrectes, éd. de l'œuvre, Paris (n.d.l.r.)
2 Op. cit., p.9.

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