Editorial
Le rejet par les citoyens suisses, à une large majorité – 66,5% des votants et la totalité des cantons –, de l’initiative populaire «six semaines de vacances pour tous» a semé la stupéfaction dans toute l’Europe. 20 minutes du 13 mars cite complaisamment des journaux et commentateurs italiens, espagnols, britanniques ou français, qui tous expriment leur incompréhension et leur incrédulité devant la folie d’une population qui refuse deux semaines de vacances supplémentaires; le masochisme de travailleurs qui ne se soucient pas d’améliorer leurs conditions de travail; l’impertinence de citoyens qui n’ont pas saisi l’occasion de se mettre au niveau de leurs voisins européens; ou encore la lâche soumission de la population laborieuse helvétique à un patronat uniquement soucieux de l’exploiter. Dans ce dernier registre, la palme revient incontestablement à Jean-Luc Mélanchon, candidat du Front de la gauche à l’élection présidentielle française, qui ne pouvait évidemment pas laisser passer si belle occasion de flatter ses électeurs potentiels en déclarant: «Je les plains [c’est de nous autres pauvres Suisses qu’il s’agit] de se laisser intimider par un patronat qui les convainc de ne pas prendre de vacances.» Juste pour ergoter, nous ferons remarquer à ce gauchiste rétrograde qu’il doit choisir: ou bien le patronat intimide des prolétaires apeurés, ou bien il convainc des citoyens responsables.
Mais laissons là ces mesquines considérations linguistiques pour nous demander au nom de quoi ce marxiste d’un autre âge et ses pareils nous tancent si sévèrement.
Est-ce parce que leur expérience leur a montré que de longues vacances obligatoires sont un gage de prospérité?
Est-ce parce qu’ils se soucient de la bonne forme des Suisses et de ses répercussions sur les coûts de la santé et les primes d’assurance-maladie?
Est-ce par pure solidarité avec les 33,5% d’Helvètes qui ont voté «oui» à l’initiative, faisant preuve d’une maturité politique que seule quelque fraude antidémocratique a, selon toute probabilité, empêchée de prévaloir?
Est-ce parce qu’ils souhaitaient nous voir profiter des merveilleuses règles en vigueur dans l’UE en matière de vacances et que leur cœur compatissant saigne à la pensée que nous allons devoir continuer à trimer dans des conditions à peu près semblables à celles des travailleurs chinois?
On pourrait le croire, à lire les commentaires cités par notre quotidien gratuit habituel. Mais il n’en est rien, évidemment. Les seules choses qui ressortent en fin de compte de ces manifestations d’incompréhension sont l’ignorance crasse et l’impudente arrogance de ces donneurs de leçons.
L’Italie, l’Espagne et la France sont au bord de la faillite, et, autant qu’on sache, la Grande-Bretagne ne va pas beaucoup mieux.
Ces pays sont sans cesse paralysés par des grèves qui coûtent des fortunes et aggravent leur situation économique. En effet, les rapports entre acteurs du monde du travail y sont en général tendus et conflictuels, car la culture de la «lutte des classes» est encore vivace en ces contrées peu évoluées.
Bien que notre système de santé soit extrêmement boiteux, il n’engendre pas les coûts abyssaux que connaît, entre autres, la Sécurité sociale française.
Bref, notre pays se porte mieux, à tous égards, que les pays dont les bavards parlent sans rien savoir, sans avoir jamais entendu parler de la paix du travail, des accords négociés par des partenaires sociaux de bonne foi, des conventions collectives qui permettent, entre autres, d’assouplir et d’adapter la durée des vacances. Convaincus que celles-ci sont, en Suisse, de quatre semaines pour tout le monde, indépendamment de l’âge et de la dureté du travail, ils ne voient évidemment de salut que dans une loi centralisatrice, qui permettrait de faire le bonheur des gens malgré eux, et ils nous plaignent d’être bêtes.
Mais, compte tenu de la pétaudière dans laquelle ils se complaisent chez eux, leur condescendance apitoyée ne mérite que notre apitoiement condescendant… et prospère!
Le Pamphlet
Mais laissons là ces mesquines considérations linguistiques pour nous demander au nom de quoi ce marxiste d’un autre âge et ses pareils nous tancent si sévèrement.
Est-ce parce que leur expérience leur a montré que de longues vacances obligatoires sont un gage de prospérité?
Est-ce parce qu’ils se soucient de la bonne forme des Suisses et de ses répercussions sur les coûts de la santé et les primes d’assurance-maladie?
Est-ce par pure solidarité avec les 33,5% d’Helvètes qui ont voté «oui» à l’initiative, faisant preuve d’une maturité politique que seule quelque fraude antidémocratique a, selon toute probabilité, empêchée de prévaloir?
Est-ce parce qu’ils souhaitaient nous voir profiter des merveilleuses règles en vigueur dans l’UE en matière de vacances et que leur cœur compatissant saigne à la pensée que nous allons devoir continuer à trimer dans des conditions à peu près semblables à celles des travailleurs chinois?
On pourrait le croire, à lire les commentaires cités par notre quotidien gratuit habituel. Mais il n’en est rien, évidemment. Les seules choses qui ressortent en fin de compte de ces manifestations d’incompréhension sont l’ignorance crasse et l’impudente arrogance de ces donneurs de leçons.
L’Italie, l’Espagne et la France sont au bord de la faillite, et, autant qu’on sache, la Grande-Bretagne ne va pas beaucoup mieux.
Ces pays sont sans cesse paralysés par des grèves qui coûtent des fortunes et aggravent leur situation économique. En effet, les rapports entre acteurs du monde du travail y sont en général tendus et conflictuels, car la culture de la «lutte des classes» est encore vivace en ces contrées peu évoluées.
Bien que notre système de santé soit extrêmement boiteux, il n’engendre pas les coûts abyssaux que connaît, entre autres, la Sécurité sociale française.
Bref, notre pays se porte mieux, à tous égards, que les pays dont les bavards parlent sans rien savoir, sans avoir jamais entendu parler de la paix du travail, des accords négociés par des partenaires sociaux de bonne foi, des conventions collectives qui permettent, entre autres, d’assouplir et d’adapter la durée des vacances. Convaincus que celles-ci sont, en Suisse, de quatre semaines pour tout le monde, indépendamment de l’âge et de la dureté du travail, ils ne voient évidemment de salut que dans une loi centralisatrice, qui permettrait de faire le bonheur des gens malgré eux, et ils nous plaignent d’être bêtes.
Mais, compte tenu de la pétaudière dans laquelle ils se complaisent chez eux, leur condescendance apitoyée ne mérite que notre apitoiement condescendant… et prospère!
Le Pamphlet
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