Fédéralisme

Les Valaisans se sont réveillés lundi matin avec une forte migraine, due au résultat de l’initiative Franz Weber.

A dire vrai, on ne s’attendait pas à un tel résultat, à ce fossé entre la ville et la montagne, entre la Suisse profonde attachée au fédéralisme et la Suisse «moderne», centralisatrice et simplificatrice.

J’ai entendu un digne représentant de l’UDC, sur RTS Info, se plaindre amèrement de ce coup porté au fédéralisme, très grave, peut-être fatal, puisque ce nouvel article constitutionnel tranfère à la Confédération une compétence, celle de l’aménagement du territoire, qui devait par nature et logiquement rester cantonale, voire communale.

Ces jérémiades eussent été plus crédibles si l’UDC n’avait pas depuis longtemps démontré son peu de respect pour le fédéralisme et pour les cantons en général. L’interdiction des minarets, que j’ai soutenue quand bien même j’ai publiquement regretté qu’elle ait été lancée et soumise au peuple, n’était-elle pas aussi, en matière d’aménagement du territoire précisément, un transfert inutile de la compétence cantonale à la Confédération?

Il est maintenant trop tard pour pleurnicher. En matière de tourisme comme en matière scolaire ou en matière de procédure pénale ou civile, ce sont les Zuricois qui décideront ce qui est bon pour la Suisse entière: on sait depuis longtemps que les Valaisans sont incapables de respecter leurs propres paysages, et que, d’ailleurs, les Welsches sont des rigolos paresseux, sans compétences professionnelles et assistés sociaux.

Ce n’est pas un hasard si ces sottises sont publiées aujourd’hui, à une époque où le service militaire n’est pratiquement plus obligatoire et en un temps où les Romands et les Alémaniques ne se rencontrent plus que dans des meetings où ils s’expriment tous en anglais.

Il n’y a plus de jeunes filles au pair à Lausanne venues des terres profondes de l’Oberland bernois, il n’y a plus de petit coq neuchâtelois qu’on expédie une année manger de la vache enragée à Lucerne, et les futurs ténors fédéraux de nos partis ne savent plus s’exprimer en une deuxième langue nationale.

Malgré l’échec patent de la construction européenne, il y a toujours des gens qui s’imaginent que les problèmes seront mieux résolus par des pouvoirs centralisés lointains que par des magistrats plus proches, plus intelligemment par le Château que par l’Hôtel de Ville, plus économiquement par Berne que par Lausanne, et plus efficacement par Bruxelles que par Berne.

Laissons-leur cette illusion et préparons-nous donc à subir un gouvernement mondial pensé à Davos et mis en œuvre entre Tel Aviv et New York; à moins que les Valaisans ne fassent sécession, comme les habitants de la principauté de Seborga ou ceux, plus récemment, de la petite principauté de Filettino (550 habitants). Les Valaisans tiennent le couteau par le manche, car ils ont du bétail, du bon vin, et surtout… les barrages! On pourrait donc rétablir une frontière à la porte du Scex et décréter Franz Weber persona non grata sur l’ensemble du territoire.

Claude Paschoud

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