Compassion à la dérive

Il y a des questions préoccupantes, lancinantes même, que l’on ose pourtant à peine poser, sinon peut-être dans le Pamphlet.

A-t-on le droit – moralement, mais peut-être aussi légalement, au point où nous en sommes – de ne pas s’associer aux manifestations d’émotion collective ostentatoires qui, de nos jours, suivent chaque événement tragique? De compatir sans pleurer?

Est-on un monstre si l’on comprend la peine des personnes qui ont perdu des proches, et en particulier celle des parents qui ont perdu un ou plusieurs enfants, mais que l’on refuse d’allumer des bougies sur le bord de sa fenêtre ou de publier sur sa page Facebook les images et le texte de compassion que nos amis nous pressent de répercuter?

Faut-il n’avoir point de cœur pour se contenter de prier en secret pour le salut de l’âme des victimes et renoncer à inonder les blogs de messages de condoléances larmoyants adressés au monde entier faute de connaître personnellement une personne touchée par l’événement?

En d’autres termes, est-il permis de penser qu’une partie au moins de cette émotivité populaire est excessive et qu’elle illustre surtout la faiblesse et la fragilité psychologiques d’une société qui ne sait plus comment affronter la mort et les autres épreuves de l’existence?

Enfin, et dans un registre un peu plus impertinent, doit-on conclure que seule la mort sur la route est affreuse, à une époque où l’on est prié de ne pas remettre en cause le droit à l’avortement, d’accepter progressivement le droit à l’euthanasie et de ne surtout jamais critiquer telle religion conquérante qui zigouille à tout va tout autour de la planète?

Pollux

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