En direct de Sirius

Le fond de la «démocrassie» (la courbe de Gauss promise à des sommets)

Après avoir cru rêver, je confirme cette information parue dans Rivarol du 27 avril dernier: en France, les handicapés mentaux sous tutelle ont pu voter à la présidentielle, grâce aux efforts d’une association de travailleurs sociaux «[soucieux d’aider] ces personnes à prendre conscience qu’ils sont aussi des citoyens», selon les termes de Madame Christine Lambert, présidente de l’association Journées Citoyennes[1]. Impossible de m’ôter de l’esprit cette histoire que je souhaite apocryphe: à l’occasion d’une «journée des parents»,  soucieux de tenir à distance prudente des exercices en ordre serré une recrue percluse de problèmes psychomoteurs, un lieutenant l’aurait affectée au contrôle du parcage des véhicules civils; le malheureux soldat se serait collé des baffes tout au long de l’exercice dans un concert de tôles froissées.

J’imagine avec délice les effets collatéraux que produirait l’envoi d’une troupe de choc composée de tels soldats au beau milieu de certaines commissions…

Après l’US way of life, bienvenue dans l’US way of war

Tout droit venues des USA, les dernières manifestations de «science sans conscience» – dont chacun sait depuis Rabelais qu’elle «n’est que ruine de l’âme» – m’écœurent: il est possible de voir sur internet un de leurs reportages sur l’activité de leurs drones en Afghanistan. On y voit ces avions sans pilotes pulvériser des sections, vaporiser un tireur embusqué sur un toit ou anéantir des véhicules au gré de ceux qui les télécommandent en totale impunité… à quinze mille kilomètres de là, dans l’air conditionné de leurs bureaux d’une base du Nevada!

Leur journée de labeur terminée, on suit ces soldats fonctionnaires jusque dans leurs pavillons où ils s’enquièrent auprès de leurs enfants si leur journée a été bonne à l’école… Et le reporter – un Monsieur Singer – de déplorer, que, même si loin du champ de massacres, les malheureux ne soient pas immunisés contre le syndrome post-traumatique!

La nausée résorbée, je me suis toutefois souvenu que ma fonction d’artilleur était essentiellement de tuer des hommes que je ne voyais pas… et qu’en fin de compte, depuis le lancer de la pierre, l’homme s’est nettement plus préoccupé de mettre de la distance entre lui-même et celui qu’il souhaite éliminer que d’affronter celui-ci à la loyale! Les frappes chirurgicales à longue portée témoignent de ce que le corps à corps est de moins en moins au programme des réjouissances guerrières. Et finalement, le nombre de prédateurs du monde animal qui s’assurent de toutes sortes d’avantages pour mieux vaincre leur proie me confirme que c’est là un penchant naturel… C’est donc une réalité tristement universelle que de mettre le maximum de chances de son côté et de n’en point laisser à l’adversaire, à cette différence près que les animaux tuent pour leur préservation tandis que les prédateurs humains le font essentiellement pour leur profit.

Il n’en est pas moins vrai qu’entre l’Afghan qui part en chaleur et lumière sur un plateau aride et son employé de bureau d’adversaire, vautré dans son fauteuil en similicuir, qui souffre tout au plus d’hémorroïdes et peut-être aussi d’un durillon à l’index presse-bouton, les limites du grotesque sont dépassées. Comparé à ce que les dispensateurs des «bienfaits démocratiques» nous préparent, le bombardement terroriste de Dresde fera bientôt figure d’aimable plaisanterie!

Singer le grand mâle dominant?

A force de copier, avec nettement moins de bonheur, les séries télévisées américaines, les Français n’en peuvent plus de se «yankeeïser». Depuis Pipole 1er d’Hexagonie et sa guitariste, les femmes de leurs présidents ont cessé d’être «Tante Yvonne», «Bibiche», ou tout simplement «Madame (+ nom d’épouse)» pour être promues «Première Dame de France» que certains cuistres médiatiques n’hésitent parfois pas à prononcer «feurstelaidie».

Peut-être serait-il temps de leur rappeler que, dans leur république, la …[2] n’est l’élue de personne d’autre que de celui auprès de qui il lui est recommandé de se tenir aussi sagement que possible et n’a aucune fonction officielle, à part, peut-être, vérifier les arrangements floraux de l’Elysée. La France, qui jusqu’à hier se croyait encore sous l’Ancien régime et rêvait même de dynasties quand, tout émue, Madame Jacques Chirac – née Chodron de Courcelle – , apprenant la fécondation présidentielle de Madame Sarkozy, s’exclamait qu’elle portait dans son ventre «l’avenir de la France» (sic),  a désormais les yeux de Chimène pour Sam, à qui elle sacrifie allègrement ses fils dans les endroits du monde les plus improbables,  ses intérêts – puisque la voilà à nouveau supplétive à l’OTAN – et ses goûts, en faisant installer, par exemple, un four à pizza dans l’«Air-farce-Ouane» présidentiel[3]. On a ainsi entendu une ci-devant ministresse des finances tout droit débauchée d’une usine d’avocats nord-américaine insister pour qu’on parlât la langue de Bush en ses bureaux ministériels, au grand ravissement de Pipole 1er  le Monoglotte. Ainsi, lentement grignotée, la France se défait de sa brillance et se livre au vulgaire.

C’est dommage… A force de s’entendre dire par ses admirateurs que Dieu était français, le pays ne paraît pas encore s’être aperçu que, depuis quelque temps, il s’était mis à l’anglais…

I-phone, I-pad, I-pod...

I-diots! Vous n’avez que deux mains et pas tant de besoins!

Mémoire du futur (et néologisme?)

Devant Iris Bonsens, qui me reprochait d’avoir trop souvent recours à mes souvenirs, il m’a fallu admettre que j’étais momentanément en déficit de «survenirs».

Max l’Impertinent

 

[1]leplus.nouvelobs.com. Mots clés de la recherche: handicapés voter.

[2] Le lecteur voudra bien remplacer, selon statut, les points de suspension par le qualificatif approprié: «femme», «épouse», «concubine», «compagne», «prochainement-divorcée-de-son-actuel-mari» et bientôt – pourquoi pas? – «conjoint», ou encore «compagnon» en adaptant le genre, au besoin, selon le sexe présidentiel et les préférences de l’élu(-e) du moment.

[3] Une seconde main de chez Swiss

Thèmes associés: Politique française

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