Editorial

            Monsieur Marc Vuilleumier, éminent municipal lausannois qui, à l’heure où paraîtront ces lignes, aura quitté la direction de la police pour reprendre celle des assurances sociales, n’a pas échoué à rétablir la sécurité dans notre bonne ville par incompétence et attend son successeur «au contour». C’est du moins ce qui ressort d’une déclaration qu’il a faite à l’Agence télégraphique suisse après avoir annoncé, via Le Matin dimanche du 9 septembre et avant même d’en avoir informé ses collègues de la Municipalité – on n’est pas plus délicat! –, son intention, non pas de démissionner, mais de ne s’occuper que de questions de tout repos: «J’ai été le deuxième meilleur élu aux dernières élections», affirme en toute modestie ce féal de Dame Démocratie, «J’ai fait du bon travail dans des circonstances difficiles qui se sont encore aggravées cette dernière année. Mais je reçois beaucoup de leçons de personnes qui pensent pouvoir faire mieux. J’en prends acte.»

 

            Monsieur Vuilleumier ne se demande pas pourquoi les circonstances, certes difficiles, se sont encore aggravées cette dernière année. Il ne s’interroge pas non plus sur les trente-six démissions que le corps de police a enregistrées depuis le début de 2011. Il a fait de son mieux, et cela doit suffire à la satisfaction de ses électeurs et de ses collègues.

 

            L’avenir nous dira si le socialiste Grégoire Junod, qui va succéder au popiste à la direction de la police, s’en tire mieux. En tout cas, il promet d’agir avec «fermeté et pragmatisme», qualités qu’il n’a évidemment pas eu l’occasion de mettre en évidence au cours de son passage à la Culture.

 

            Et ceci nous amène à considérer d’un œil critique et goguenard les grandes manœuvres qui se sont déroulées à la Municipalité de Lausanne à la suite du «caprice» de Marc Vuilleumier. N’allons surtout pas imaginer qu’on se contente, dans ce genre de circonstances, de bêtes permutations à la tête des dicastères. Que non pas: les responsabilités se choisissent «à la carte». C’est ainsi que le municipal communiste, s’il cesse d’être responsable de la sécurité, conservera les autres services de son ancien dicastère, à savoir les sports, la police du commerce et le contrôle des habitants, ce qui ne l’empêchera pas d’assumer les assurances sociales et de s’occuper des migrants, ce dont il se réjouit fort et qui nous promet un avenir radieux dans une ville pacifiée par Grégoire Junod et «diversifiée» par Marc Vuilleumier. Quant aux autres municipaux, ils verront gonfler ou maigrir leurs dicastères en fonction du même principe.

 

Quelle chance nous avons d’être dirigés par des politiciens omniscients et interchangeables!

 

Le Pamphlet

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