Crédibilité monarchiste

         L’institution royale, nous le vérifions aussi bien en Angleterre qu’en Espagne, ne signifie rien, dans la mesure où elle se limite à poser une couronne traditionnelle sur le totalitarisme de la démocratie moderne. A la frontière de la Suisse, dont les traditions démocratiques n’ont aucun rapport avec ce totalitarisme, la principauté du Liechtenstein a donné récemment à l’Europe et – pourquoi pas? – au monde une excellente leçon de sagesse et de maturité politiques, tant de la part de la famille princière que de la population de cet Etat.

         Parfaitement consciente de ses devoirs historiques et sociaux, cette famille, par l’œuvre du prince régnant (la constitution du pays), dispose d’un droit de veto sur toute loi, que celle-ci soit votée par le Parlement de la principauté ou par le peuple. Le prince régnant a fait usage de ce droit pour empêcher la légalisation de l’avortement, votée au Parlement. Une initiative entendait limiter ce droit de veto aux seules lois votées par le Parlement, excluant donc du veto princier celles qui seraient adoptées par le peuple. Tel qu’il est conçu par le droit de la principauté, ce droit de veto apporte une juste limite aux droits populaires d’une part et, d’autre part, ne réduit pas à un vain mot la notion de prince chrétien.

         Partout ailleurs où la monarchie est envisageable ou établie, comme en Belgique aussi et au Luxembourg, ces précisions devraient également figurer dans la charte fondamentale de l’Etat, ou être prêtes à y figurer, y compris sous la menace d’un départ de la dynastie régnante, comme ce fut la cas au Liechtenstein… avant cette votation.

         Le résultat de cette dernière (76,1% de votes favorables au maintien du veto princier tel qu’en l’état) donne à l’Europe et au monde une magistrale leçon de la part d’un Etat qui mérite véritablement de conserver sa souveraineté. Cette leçon sera-t-elle comprise?

Michel de Preux