Mise au point

         Le deuxième débat télévisé organisé par France 2 sur le «mariage pour tous», dans le cadre de l’émission d’Yves Calvi Mots croisés, le lundi 14 janvier 2013, a mis clairement en évidence un fait d’une gravité extrême: la mise en danger morale de tous les enfants éduqués par des partenaires de même sexe. Ces enfants sont dans une situation de contrainte morale absolument inadmissible et il n’est pas arbitraire d’affirmer qu’ils souffrent violence dans la formation de leur conscience morale. L’une des adeptes du projet présidentiel français affirmait lutter contre des critiques homophobes dont seraient victimes ces enfants dans le milieu scolaire en l’état actuel des choses. L’Etat utilise donc la loi non pour corriger un jugement erroné sur les mœurs mais pour empêcher celui-ci de se former librement et correctement chez les enfants! L’Etat qui adopte ce genre de projet de loi fait donc la promotion délibérée d’un jugement moral faux et il est, dans ce cas, le complice de l’abus de pouvoir et d’ascendant sur des personnes mineures de tous les partenaires de vie utilisant le terme de mariage pour ce type d’union et, plus profondément, dans l’appréciation morale objective d’un état de vie adulte.

         Ce fait est en soi extrêmement grave. La morale, en effet, ne saurait être objet de débat, démocratique ou non. Si elle l’était, on devrait aussitôt cesser d’en parler, car cela supposerait – sur le sujet en particulier – que la distinction entre bien et mal, vérité et mensonge, ne serait pas acquise au départ comme une donnée immédiate de la conscience, mais que ces distinctions apparaîtraient seulement après de libres confrontations d’opinions diverses, voire opposées.

         Or j’affirme qu’aborder ainsi la morale équivaut purement et simplement à la nier dans son principe, puisqu’on en fait une création parfaitement autonome des individus, et, en fin de compte, de l’Etat manipulé par eux! Il n’y a aucun consensus à rechercher en morale pour la raison élémentaire que celle-ci s’impose aux consciences par son seul titre de norme innée d’origine transcendante. Niez-vous devoir par principe dire la vérité, pour peu que vous la connaissiez et que celle-ci importe à la défense d’un intérêt majeur, affirmez-vous au contraire que cette obligation puisse faire débat, vous détruisez la possibilité même du débat! Niez-vous que tout enfant a droit à la formation d’une conscience droite et que la fiction légale d’un rapport parental avec des partenaires de même sexe n’est qu’un mensonge créé et favorisé par l’Etat, vous affirmez par ces négations mêmes l’absence de tout critère de vérité dans un rapport social élémentaire et fondamental, et vous portez sciemment atteinte à l’intégrité intellectuelle et morale d’une ou de plusieurs personnes, qui sont de surcroît, compte tenu de leur âge, sans défense immédiate et constamment sous pression.

         Ce que le projet de François Hollande met en cause n’est pas seulement la notion objective de mariage et la connaissance de la morale, mais l’existence même de celle-ci en tant que donnée universelle des consciences humaines ainsi que le libre accès à cette connaissance chez des personnes mineures en particulier, avec, en plus, la dénaturation de la finalité même de l’ordre légal et étatique. Face à de tels dangers, force est de convenir qu’une réintroduction dans la loi pénale de la criminalisation de l’homosexualité devient un acte social de légitime défense. «Toutes les tentatives pour ôter à la morale et à l’ordre moral le fondement, solide comme le roc, de la foi et pour les établir sur le sable mouvant des règles humaines conduisent tôt ou tard individus et sociétés à la ruine morale. L’insensé qui dit dans son cœur “il n’y a pas de Dieu”[1] marchera dans les voies de la corruption morale», écrivait Pie XI dans sa lettre encyclique[2] aux catholiques allemands pour les éloigner du national-socialisme, le 14 mars 1937. Serions-nous aujourd’hui confrontés à leurs successeurs spirituels, la différence d’objet du code moral étant ici sans pertinence?

Michel de Preux

 

NOTES:

[1] Psaume XIV, 1.
[2] Mit brennender Sorge.

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