Editorial

         «Les craintes sont sans objet», affirmait le 21 février la conseillère fédérale Doris Leuthard en réponse aux inquiétudes exprimées par le Conseil d’Etat vaudois quant à l’application, en cas de vote positif le 3 mars, de la loi sur l’aménagement du territoire (LAT).

         Quelques jours plus tôt, la même conseillère fédérale admettait publiquement que la LAT était «mal réfléchie» et que son application poserait des problèmes énormes.

         On sait que Madame Leuthard, à qui nous devons la désastreuse introduction du principe du Cassis de Dijon et la décision on ne peut plus précipitée et «mal réfléchie» de sortir du nucléaire  à la suite de l’accident de Fukushima, n’est pas vraiment une visionnaire en politique. Mais ne lui jetons pas la pierre et admettons qu’elle s’exprime toujours, collégialité oblige, au nom du Conseil fédéral.

         A l’époque pas si lointaine où ce dernier s’abstenait de descendre dans l’arène à l’occasion des campagnes de votations, on pouvait tabler sur le fait que, à défaut d’être objectives, les informations qu’il dispensait n’étaient pas sujettes à variations. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Quand le Conseil fédéral s’exprime sur un sujet soumis à la décision populaire, il ne fait plus de l’information mais de la propagande, ce qui explique les contradictions de ses membres au cours des campagnes. Les déclarations opportunistes ne sont d’ailleurs pas le fait du seul Conseil fédéral, mais là n’est pas la question.

         La question, l’information objective étant absente des débats, est celle de l’organisation du vote par correspondance, lequel constitue à nos yeux un réel progrès, puisqu’il permet à des gens qui, pour une raison ou pour une autre, ne sont pas en mesure de se rendre dans les bureaux de vote de participer au système de la démocratie directe et de contribuer par là à en assurer la pérennité.

         Le problème tient au fait que les documents de vote arrivent trop tôt dans les boîtes aux lettres, de sorte que beaucoup de gens, pressés d’accomplir leur devoir de citoyens, ou de se débarrasser rapidement de la «corvée», votent sur la base d’«informations» lacunaires et soumises à fluctuations, quitte à s’en repentir par la suite. Le résultat du vote peut s’en trouver faussé.

         Pour que le vote par correspondance déploie ses effets bénéfiques, il faudrait que les documents de vote soient délivrés plus tard et que la campagne soit close au moment de leur arrivée.

      Cette idée n’est-elle pas citoyenne, républicaine, démocratique et constructive ?

Le Pamphlet

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