Bonne combine

Mariette PaschoudLe Pamphlet n° 422 Février 2013Article bonus du 14 mars 2013

On le sait, pour être maman de jour, il faut suivre une formation. Une femme peut avoir élevé une ribambelle d'enfants, elle n'en est pas moins inapte à s'occuper des enfants des autres sans avoir suivi des cours.

Si vous avez la prétention, pour limiter les frais notamment, d'apprendre à conduire à votre fils, à votre petite-fille ou à quelque autre proche, vous allez devoir prochainement, vous aussi, acquérir des compétences. En effet, un apprenti conducteur sur trois ne réussit pas l'examen pratique du premier coup dans notre beau pays, et c'est à cause de vous, qui, incapables de vous renseigner sur les règles et méthodes en vigueur, enseignez de fausses manipulations, parce que vous avez passé votre permis il y a plusieurs années, peut-être même trente ans – ô horreur –, et que vous n'êtes plus à jour. Vous risquez d'inciter votre arrière-petit-fils à s'aider du frein à main pour procéder à un démarrage en côte, ce qui est ringard au possible et, de surcroît, prodigieusement dangereux! Donc, une formation s'impose, comme vous le confirmeront l'Office fédéral des routes, le Touring Club Suisse et, surtout, l'Association suisse des moniteurs de conduite.

Nul ne conteste que les futurs conducteurs doivent être instruits par des gens compétents, ni que le taux d'échecs à l'examen devrait diminuer. Mais est-il bien certain que vous êtes responsables de la gabegie? N'y a-t-il pas, parmi les examinateurs, des frustrés qui se font une joie de retoquer des candidats? N'est-il pas notoire qu'un apprenti conducteur qui se présente à l'examen avec la voiture de papa, sans passer par un moniteur d'auto-école, est, en tout cas dans le canton de Vaud, assuré de retourner à ses chères études de circulation routière?

Que se passera-t-il si vous devez suivre une formation pour faire conduire votre descendance? Vous allez probablement renoncer.

Les lecteurs du Pamphlet savent depuis longtemps que j'ai mauvais esprit et que je vois le mal partout. Ils ne seront donc pas surpris d'apprendre que je soupçonne la corporation des moniteurs d'auto-école d'une basse manœuvre lobbyiste consistant à faire valoir des arguments d'ordre pédagogique pour atteindre son véritable objectif, qui est d'accroître le taux d'activité de ses membres et, partant, leurs revenus. N'oubliez pas que vous faites concurrence aux professionnels et qu'ils n'aiment pas cela.

Il y a deux façons pour les moniteurs de conduite officiels de s'assurer une abondante clientèle d'apprentis conducteurs. L'une consiste à s'arroger un quasi-monopole juteux; l'autre à offrir des prix attractifs, puisque beaucoup de gens n'ont pas les moyens de dépenser une centaine de francs pour moins d'une heure de leçon d'auto-école.

Grâce à l'astuce des cours pour moniteurs amateurs, c'est la première solution qui prévaudra.

C'est ainsi que, délivrés du souci de dispenser un enseignement gratuit à vos rejetons, vous pourrez consacrer tous vos soins à trouver de quoi financer leur indispensable et très onéreux permis de conduire .

Mariette Paschoud

Thèmes associés: Humeur

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