Editorial

C’est le 28 novembre 1974 que la Suisse a adhéré à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, plus connue sous le nom de Convention européenne des droits de l’homme, et qu’elle a, par conséquent, accepté de se soumettre aux arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme, laquelle est chargée de faire appliquer la convention, en tant qu’organe judiciaire du Conseil de l’Europe, dont notre pays fait partie depuis le 6 mai 1963.

 

C’est sûrement pour nous aider à fêter dignement le cinquantième anniversaire de notre appartenance à ce bidule intereuropéen bien-pensant – on sait à quel point la Confédération est avide de participer aux débats des organismes supranationaux pour y apporter son indispensable et précieuse expérience – que la Cour européenne des droits de l’homme a récemment désavoué la Suisse en deux occasions. Dans le premier cas, notre pays a été condamné à verser neuf mille euros à un (ancien?)trafiquant de drogue nigérian pour cause de décision d’expulsion illégale; dans le second, il doit payer la même somme à un Bosnien, qui, ayant décidé en 2004 de quitter la Suisse pour n’y pas revenir, s’est vu refuser l’octroi d’un titre de séjour quand il a changé d’avis – cette malheureuse victime-là est moins délinquante  que l’autre, puisqu’elle n’était que lourdement endettée, qu’elle avait juste coûté 150'000 francs à l’aide sociale et n’avait été condamnée que pour infractions à la loi sur la circulation routière et violation de domicile. Ces bagatelles ne pèsent pas plus lourd que le trafic de drogue du Nigérian dans la balance de la CEDH. Du moment que ces estimables immigrés ont une famille en Suisse et, si possible, une santé déficiente, la Cour estime avec sollicitude qu’il convient de les accueillir à bras ouverts et de les remercier de leur présence.

 

Dans le premier cas (arrêt du 16 avril), le président de la Confédération Ueli Maurer s’est déclaré fâché, mais les choses ne sont pas allées plus loin. Dans le second (annoncé par la presse le 11 juin), il n’a été fait mention d’aucune réaction. Il est vrai qu’une autre atteinte à la souveraineté de la Suisse occupait alors tous les esprits. Quelle importance pouvait revêtir cette petite défaite judiciaire face à l’arrogante attaque américaine?

 

C’est un mauvais calcul. Toute atteinte à la souveraineté d’un pays, si insignifiante soit-elle, doit absolument engendrer une réaction vigoureuse, sinon c’est la perte de crédibilité et d’estime assurée, et, à terme, la mise sous tutelle. Le Conseil national l’a compris dans l’affaire de la Lex USA, honneur à lui. L’autorité fédérale doit rester dans cette voie. Nous avons signé la Convention européenne des droits de l’homme? Ce fut une sottise, puisque nous n’avons plus le droit de choisir qui est bienvenu chez nous ou non. Dès lors, reconnaissons que nous nous sommes trompés et dénonçons la convention; mieux: quittons le Conseil de l’Europe; mieux encore: dénonçons toutes les conventions internationales, quittons tous les organismes, ONU en tête, qui nous contraignent à des actes ou à des lois contraires aux intérêts du pays et de ses habitants; et, pour couronner le tout, consacrons au budget militaire tout l’argent que nous gaspillons actuellement pour aller frétiller dans des conseils, des assemblées, des comités, des forums et des sommets manipulés par des gens qui ne nous veulent pas de bien.

 

Mieux vaut être un hérisson qu’une limace!

 

Le Pamphlet

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