Total désarroi

L'actualité, même en Suisse, nous fournit de multiples exemples attestant que notre monde est en plein désarroi et, dans cette perspective, il est impossible d'amorcer un redressement durable, car la subversion, qui est d'abord dans les esprits, fera son chemin et le poursuivra jusqu’à ce qu’une situation intenable éveille enfin les consciences par la catastrophe réalisée. Il a fallu l’effondrement brutal du troisième Reich au printemps 1945  pour que les Allemands se désenchantent de leur dictateur. Quelque chose d’analogue pourrait nous advenir si nous ne parons pas au danger par les moyens adéquats. Or le premier et le plus essentiel de ces moyens de désamorcer ce processus destructeur à l’œuvre dans toutes nos sociétés occidentales est la droiture de l'esprit et ce qui lui est lié, la rectitude de la pensée, accompagnées de la clairvoyance sur les passions et les sophismes, de la prudence sur les méthodes pratiques à mettre en œuvre pour que ce remède ne soit pas pire que le mal.

Disons d'abord qu'une certaine tolérance du mal, notamment du mal de l'intelligence et de l'esprit, est nécessaire, car c'est Dieu Lui-même qui nous en a montré l'exemple. N'a-t-il pas laissé l'humanité déchue s'enliser dans la barbarie, alors même que la promesse du salut avait été faite au premier homme, premier responsable de cette chute? Le mal dans sa descendance avait pris de telles proportions que Dieu songea à exterminer l'humanité entière. Mais de cette impasse Dieu fit une figure du salut à venir par l'Arche de Noé. Il faut être de bien mauvaise foi ou entretenir en soi une coupable ignorance pour persister à l'ignorer et ne pas en tirer les leçons utiles pour notre temps.

Or l'Occident, jusque dans ses représentants les moins atteints par le mal ambiant, paraît  décidé soit à faire preuve de mauvaise foi, et c'est en particulier l'hérésie moderniste en milieu catholique, qui ronge la société chrétienne tout entière, soit à entretenir cette ignorance, et c'est la sécularisation des esprits en dehors même du milieu catholique. Voyez, premier exemple, le projet d'initiative de l'UDC voulant introduire dans la Constitution fédérale le principe de la primauté du droit national sur le droit international. «C'est au peuple à dire le droit», déclare M. Christoph Blocher, pour qui la démocratie directe «fait du peuple le législateur suprême». Il y aurait donc, dans son esprit, une opposition frontale entre le droit national et le droit international, au moins par accident, ce que la vie actuelle confirme de plus en plus, notamment en ce qui concerne le phénomène de l'immigration de peuplement. L'urgence de trancher de telles oppositions est attestée par l'évolution sectaire de la jurisprudence du Tribunal fédéral qui, visiblement, a choisi l'internationale comme valeur suprême du droit…

Dans l’abstrait, nous ne pouvons que donner raison au Tribunal fédéral, mais uniquement dans l’abstrait! Car il faut, pour aborder convenablement la question de la supériorité du droit international sur le droit national, ne jamais faire abstraction de l'objet traité. Si celui-ci est immoral ou nettement abusif, comme l'interdit de discriminations légitimes, ces normes de droit international contribuent à  détruire un ordre national et, dans ce cas, il y a manifestement abus dans l'application du principe de primauté. Tel est en particulier le cas pour tout ce qui concerne le phénomène de l'immigration de peuplement, surtout lorsque celui-ci est lié à l'expansion politique et sociale d'une religion contre laquelle l'Occident et l'Orient chrétiens ont toujours lutté afin d’assurer aux dépens de cette religion leur propre survie. Qu'on le veuille ou non, l'Occident se définit aujourd'hui encore par un anti-islamisme intrinsèquement lié à ses racines chrétiennes, dont il ne peut se détacher sans se détruire.

Nous voyons donc clairement où le problème crucial se pose dans ses fondements. Ceux-ci sont incontestablement religieux. Si l'Occident ne revient pas à ses racines spirituelles, il deviendra impossible de lutter victorieusement contre des instances internationales gagnées par l'athéisme public, donc foncièrement hostiles à la restauration du christianisme en Europe. Nous voyons par là combien la pensée, même strictement philosophique, qui se veut confessionnellement neutre, s'avère stérile pour assurer un authentique service social dans l'intérêt bien compris des nations d'Europe, dont la nôtre.

Dans le prochain numéro, nous expliciterons davantage ces propos en référence à d'autres faits d'actualité prouvant l'existence du désarroi social généralisé en Occident, et même en  Suisse.

Michel de Preux

 

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