Mots interdits

Ainsi que nous le signalons de plus en plus souvent à nos lecteurs, la liberté d’opinion et d’expression est menacée jusque dans l’emploi des mots les plus courants et les plus anodins. Aussi ai-je décidé d’introduire cette nouvelle rubrique «Mots interdits», dans laquelle nous signalerons les abus de la bien-pensance à l’égard des audacieux qui osent encore appeler un chat un chat. (M.P.)

Le conseiller national UDC zuricois Toni Bortoluzzi estime – et dit publiquement par l’intermédiaire du bimensuel Beobachter – qu’il faut considérer, en matière de droit de la famille, deux groupes de personnes qui ne doivent pas être traitées de la même façon: les «déviants»1, homosexuels, lesbiennes, individus qui vivent seuls ou changent régulièrement de partenaires d’une part et les «normaux», les «naturels», à savoir les couples hétérosexuels d’autre part.

Tollé habituel chez les partisans de la «tolérance» et du «respect», qui dénoncent hystériquement les affirmations «déplacées et stupides», les commentaires «blessants et dangereux» de l’abominable homophobe.

Le simple fait que le conseiller national classe parmi les «mal orientés» les gens qui vivent seuls suffit à prouver qu’il n’y a pas d’homophobie dans ses propos et que son seul souci est de favoriser les couples qui sont naturellement aptes à fonder des familles. Où est le mal? Et pourquoi n’aurait-il pas le droit de le dire?

L’association d’homosexuels Pink Cross, qui, modèle de tolérance, envisage de porter plainte contre le fauteur de trouble, nous apporte la réponse par la voix de son directeur Bastian Baumann: «Celui qui traite les homosexuels de “pas naturels” n’a pas assez fait attention aux cours de biologie. De nos jours, les scientifiques ont recensé plus de1500 espèces animales ayant un comportement homosexuel.»

Si Monsieur Baumann était bien renseigné, il saurait que les scientifiques ne savent pas exactement combien il y a d’espèces animales sur terre, situent leur nombre dans une fourchette allant de plusieurs millions à plusieurs dizaines de millions et reconnaissent n’en avoir recensé que moins de deux millions, au regard desquels, néanmoins, les mille cinq cents espèces homosexuelles évoquées ne font qu’accentuer le caractère minoritaire, pour ne pas dire hors normes, des comportements «désorientés».

Il paraît que les mantes religieuses et les araignées tuent parfois leur mâle après l’accouplement. Ce comportement «naturel» devrait-il donc être considéré comme normal dans les sociétés humaines?

Mariette Paschoud

NOTES:

1 A noter que le mot «fehlgeleitet» utilisé en réalité par Toni Bortoluzzi fait plutôt allusion à une «erreur d’aiguillage» et n’a pas le sens péjoratif qu’on tente de lui donner et qui explique le mot «déviant» choisi abusivement par la presse romande.

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