Mots interdits

La chocolaterie Féret d’Auxerre a failli avoir de gros ennuis. Elle vendait depuis 2009 des friandises enrobées de chocolat noir baptisées Bamboula et Négro. Branle-bas de combat chez les défenseurs de l’Afrique européenne opprimée. «Racisme! Racisme!» ont hurlé le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) et l’association Sortir du colonialisme, qui n’ont voulu entendre aucune explication, aucune justification et se moquent superbement du fait que les douceurs incriminées existent depuis presque un siècle et se vendaient à Auxerre bien avant que ne soit découvert le pot aux roses – nauséabond, comme il se doit; bien avant aussi, d’ailleurs, que les anti-colonialistes subventionnés ne viennent exercer leurs contestables talents dans la pauvre vieille Europe.

On ne peut guère attendre, évidemment, de ces contestataires fraîchement débarqués qu’ils comprennent la mentalité de chocolatiers de 1919 qui, croyant rendre hommage aux tirailleurs sénégalais venus combattre aux côtés des Fançais et célébrer une danse africaine, furent à l’origine de cette tradition. Les seules traditions admissibles pour le CRAN et ses acolytes sont les traditions africaines.

Soit dit en passant, on doit reconnaître qu’il faut être bien naïf – et n’avoir jamais entendu parler des têtes-de-nègres rebaptisées têtes de choco – pour s’imaginer qu’on peut impunément, à notre époque, vendre des Bamboulas et des Négros en toute liberté. Mais tout de même, après cinq ans de paisible activité criminelle, la chocolaterie Féret pouvait espérer passer entre les gouttes. En effet, pourquoi les nouveaux colons ont-ils attendu si longtemps pour entrer en campagne? Il semblerait qu’ils n’aient pas fait le tour des chocolateries. Espérons que cette impardonnable négligence sera sévèrement sanctionnée et réparée dans les délais les plus brefs.

Bien entendu, le CRAN et Sortir du colonialisme ont obtenu gain de cause: les produits litigieux ont été retirés de la vitrine, l’abominable homme du chocolat craignant que celle-ci ne soit démolie par de gentils antiracistes. Les excuses d’usage ont été présentées en attendant qu’un nouveau nom soit trouvé pour Bamboula et Négro.

Pourquoi ne pas les rebaptiser Sorducol et Crano?

Mariette Paschoud

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