Mots interdits

Le 11 septembre dernier, Hans-Jürg Käser, chef du Département de la police et des affaires militaires du Canton de Berne, a présenté au public et à la presse le nouveau centre pour requérants d'asile de Berthoud. A cette occasion, il a déclaré en substance que chaque «petit nègre» sait que l'Europe est un paradis et la Suisse un pays de cocagne, ce qui est avéré et n'aurait soulevé aucun commentaire si les professionnels de l'antiracisme ne devaient justifier les postes qu'ils occupent.

Aussi Martine Brunschwig Graf, ancienne conseillère nationale et présidente de la Commission fédérale contre le racisme, a-t-elle fait part de son indignation et réclamé des excuses, selon un schéma bien rodé. Toutefois, cette brave dame a fait preuve d'une relative modération puisqu'elle ne considère pas le coupable comme raciste et reconnaît sans le déplorer expressément que l'expression «petit nègre» n'est pas punissable quoique empreinte de «colonialisme» – un peu comme le mot «welches» utilisé par les Bernois et autres Alémaniques pour désigner les Vaudois et autres Romands, sans doute…

Le fait que la donneuse de leçons et le maladroit tancé sont camarades de parti n'est peut-être pas étranger à cette mansuétude, dont n'aurait probablement pas bénéficié un membre de l'UDC ou un rédacteur du Pamphlet.

Quoi qu'il en soit, M. Käser a reconnu que sa formulation était inadéquate et présenté ses excuses comme un bon petit garçon soucieux de faire plaisir à sa maîtresse d'école.

Dommage! J'aimerais bien qu'un jour un personnage en vue envoie promener l'un de ces parasites qui empoisonnent la vie des honnêtes gens et voient des «dérapages» partout.

J'aimerais bien aussi que nos allogènes se montrent suffisamment adultes, fiers et courageux pour affronter calmement les inévitables frictions et égratignures qui surviennent, qu'on le veuille ou non, dans les sociétés dites multiculturelles et qui, qu'on le nie ou non, touchent aussi les habitants des pays d'accueil. Mais il est évidemment plus confortable de se laisser protéger comme des enfants sans défense par des organismes, qui, à défaut d'être imprégnés de «colonialisme», manifestent un insupportable paternalisme.

M.P.

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