Bricoles

Expertise

Les attentats terroristes de Paris ont suscité, à la télévision et à la radio, une avalanche de réactions et de débats auxquels étaient invités de nombreux experts en terrorisme, experts en lutte contre le terrorisme, directeurs d'observatoires du terrorisme, ou autres généraux commandants de cellules anti-terroristes.

Quel dommage que ces savants experts n'aient pas suggéré en temps voulu qu'un seul garde du corps à l'intérieur des locaux rédactionnels ne suffirait pas à la protection de dix blasphémateurs provocateurs. (cp)

Inéquation

Un dessinateur d'extrême gauche vaut-il plus que vingt citoyens ordinaires? C'est l'inéquation qu'on pourrait poser en relation avec les pleurnicheries organisées à Paris et la sérénité avec laquelle on avait passé doucement par pertes et profits les deux cents morts de l'attentat de Madrid en mars 2004. Dans les deux cas, il s'agissait d'attentats terroristes. (cp)

Faux pas

Il paraît que, suite à la tragédie que vous savez, la conseillère fédérale Doris Leuthard a publié sur Twitter un message ainsi libellé: «La satire ne permet pas tout, mais aucun dessin ou publication ne légitime une violence qu'il faut condamner sans transiger.»

Que n'avait-elle dit là! Aussitôt, quelques journalistes sourcilleux, champions de la liberté d'expression bien entendu, se sont indignés, ne retenant que les six premiers mots de la déclaration, de cette «relativisation malvenue». Oser mettre un bémol dans la partition des pleureuses! Quel scandale!

Du coup, le chef du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication a fait de son mieux pour «éteindre l'incendie» provoqué par ce «cafouillage», par ce «faux pas».

Quel dommage! Pour une fois que notre Doris fédérale faisait preuve de bon sens, il a fallu qu'elle baisse sa culotte! (mp)

Pas de souci!

En bon français,  le mot «souci» exprime un sentiment d'inquiétude ou de préoccupation. On se fait du souci pour un proche, on est morose parce qu'on a des soucis, on a le souci du travail bien fait.

Depuis un certain temps déjà, dans le langage à la mode, «souci» a tendance à se substituer à des mots comme «problème» ou «difficulté». C'est ainsi que l'expression «pas de souci», qui est acceptable au sens de «ne vous faites pas de souci», cesse de l'être quand, comme c'est le cas la plupart du temps, on lui fait dire qu'«il n'y a pas de problème», que «cela ne présente aucune difficulté».

On atteint le sommet du grotesque lorsque tel ou tel compte rendu de presse annonce le plus sérieusement du monde qu'un avion a dû faire demi-tour à cause d'un «souci technique»; lorsqu'un garagiste explique à un client que son véhicule a «un souci de carburateur».

On voit poindre le moment où, dans les rapports de surveillance, «rien à signaler» sera remplacé par «pas de souci». (mp)

Indignation

Le Canard enchaîné du 30 décembre se gausse du président turc Erdogan, très porté à faire arrêter ses opposants – parmi lesquels un certain nombre de journalistes, sans quoi les médias s'en laveraient les mains – et qui prétend néanmoins que la presse turque est la plus libre du monde, que «n'importe qui peut y proférer des injures, (…) tenir des propos racistes et haineux qui ne sont même pas tolérés dans des pays démocratiques».

Le Canard conclut par un «Implacable: la Turquie est donc plus libre qu'un pays démocratique!» qui contient toute l'ironie du monde… et aussi une bonne dose de mauvaise foi, car le président turc ne parlait pas de la Turquie mais de sa presse.

Mais on comprend la vertueuse indignation de notre bon confrère, car, en France, personne n'est jamais inquiété pour s'en être pris au Système. Le Canard enchaîné en est la preuve, qui frappe dans tous les sens… sauf un. (mp)

Grand homme

Le cinéaste René Vautier, «résistant, anticolonialiste, communiste, Africain de cœur, Algérien de combat, Breton de naissance», selon le Canard enchaîné du 7 janvier, vient de mourir.

A l'époque où Jean-Marie le Pen avait intenté un procès au Canard «qui rappelait son passé de tortionnaire», cet intéressant personnage avait, paraît-il, aidé l'hebdomadaire satirique «à retrouver  les témoins directs des exactions du lieutenant Le Pen» et «filmé, à Alger, leurs récits», dont «les images sont devenues des pièces majeures du dossier judiciaire».

Ce n'était pas la première fois que, faute de preuves, on recourait à des témoignages. C'est tellement plus commode! Et ça marche parfois.

Mais ça n'a pas marché cette fois-là et Le Pen a gagné son procès en diffamation en dépit des fameux témoignages filmés par l'honnête René Vautier.

Le Canard omet cette précision, sans doute parce que l'événement est fort ancien (1989) et qu'on ne peut pas se souvenir de tout. (mp)

Désinformation

Il fut un temps, hélas lointain, où l'on pouvait se contenter de lire dans le journal le titre d'un article pour se faire une idée du contenu et décider d'en prendre connaissance ou non. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, car les titres sont souvent trompeurs sinon carrément mensongers.

Quand votre quotidien gratuit habituel titre en gros caractères bien gras qu'«une femme à la Maison Blanche séduit les foules», vous êtes fondés à penser que les Américains dans leur immense majorité appellent de leurs vœux l'élection trop longtemps attendue d'une présidente des USA.

Mais il n'en est rien: le sous-titre déjà indique que près de trois Américains sur quatre s'attendent à ce que l'événement se produise de leur vivant et le corps du texte que 38% en seraient satisfaits.

Voilà des foules séduites bien maigrichonnes. (mp)

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