Comprendre la leçon

«Le danger du succès, c'est qu'il nous fait oublier l'effroyable injustice du monde.»

Jules Renard

L'attentat qui, le mercredi 7 janvier à 1 1 heures et demie, a frappé les locaux du journal Charlie Hebdo et tué (à ce jour-là) douze personnes, a jeté l'effroi non seulement en France mais aussi dans le monde. Le président français a jugé bon de prendre la parole à la télévision le soir même. Mais une chose m'a frappé, qui est loin d'être un détail: des journalistes, se souvenant des fameuses caricatures de Mahomet publiées par cet hebdomadaire parisien, se sont prévalus d'un droit au blasphème pour écarter d'entrée de cause  toute justification d'un tel crime, la liberté de la presse et celle d'opinion étant à leurs yeux supérieures au droit des personnes au respect et à la juste tolérance de leurs croyances religieuses fausses.

C'est cette confusion des idées et ce profond désordre mental et spirituel qui, de fait, sont à l'origine réelle de cet attentat. Il n'est pas question ici de justifier d'aucune manière ces crimes odieux. On connaît le fanatisme musulman. Qui veut encore le voir? Certainement pas les démocrates modernes, trop soucieux de ruiner le crédit de la religion chrétienne en favorisant l'islam en Europe occidentale, jadis chrétienne… Mais ce grave événement comporte des leçons qui pourraient être utiles à tous.

La première de ces leçons est qu'aucune société humaine, pas plus celle d'Occident qui se dit «démocratique et libérale» que toute autre, ne peut vivre sans dogmes au moins implicites. Les principes démocratiques et libéraux sont, de fait, les dogmes de l'Occident moderne. Il en paie et en paiera le prix… La seconde leçon essentielle de cet attentat à Paris est que les dogmes sur lesquels repose une société  politique doivent être vrais si la société qui les adopte veut durer. Force est donc d'entrer en matière sur ces dogmes, quels qu'ils soient.

Or l'esprit démocratique moderne se refuse par principe à cette entrée en matière, car il n'admet comme dogmes fondamentaux de cet ordre, fondateurs de son système de droit, que des principes purement formels: liberté d'opinion, de croyance, de mœurs, etc. C'est cette limite que les musulmans, entre autres non-chrétiens, n'accepteront jamais. Les uns, prudents et politiques, se taisent pour l'instant en Europe; d'autres coreligionnaires en parlent plus ouvertement, généralement hors de notre continent. On les nomme «intégristes». A ce groupe sont affiliés ceux qui passent des paroles aux actes.

Jamais, je pèse ce mot, nous ne parviendrons à calmer le zèle religieux des musulmans en leur opposant des dogmes purement formels. A une foi religieuse, on ne peut opposer qu'une autre foi religieuse. Dans cette confrontation, le triomphe de la vérite est le triomphe de la paix, à la fois civile et religieuse. Mais ce triomphe est nécessairement objet de conquête ou de défense incessante. Telle est la condition incontournable de la vie en société.

Pour ne pas vouloir admettre ces vérités élémentaires, l'Occident joue son destin et court à sa propre mort. C'est dans ce contexte extrêmement grave que je tiens à rappeler ici deux passages de la lettre encyclique Mirari vos du 15 août 1832 du Pape Grégoire XVI: «De cette source empoisonnée de l'indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde, ou plutôt ce délire: qu'on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience; erreur des plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l'Eglise et de l'Etat, va se répandant de toutes parts. (…) A cela se rattache la liberté de la presse, liberté la plus funeste, liberté exécrable, pour laquelle on n'aura jamais assez d'horreur (…).»

Cet enseignement vous choque? Le mépris de son sérieux vous apprendra à en connaître un jour peut-être, je l'espère, à la faveur d'épreuves telles que celle qu'ont vécue les Parisiens ce mercredi 7 janvier 2015, l'immuable sagesse.

Michel de Preux

Thèmes associés: Ethique - Religion

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