Editorial

Avenir Suisse est un laboratoire d'idées, un groupe de réflexion, bref, et pour faire simple, un think tank, qui se penche sur les questions politiques et économiques propres à notre pays. C'est une fondation de droit privé complètement indépendante, puisqu'elle a été fondée en 1999 par quatorze des plus grandes multinationales de Suisse, ce qui la met à l'abri du soupçon de partialité ou de lobbying. C'est donc uniquement dans l'intérêt de la Confédération helvétique et de ses habitants que cette noble institution appelle de ses vœux une réforme de l'initiative populaire afin d'en renforcer l'efficacité et de la protéger des abus.

Convenons-en: c'est une excellente idée. Depuis quelques années, l'initiative populaire qui, comme son nom l'indique, devrait trouver son origine dans la population, est devenue un outil électoral de plus dans les mains des partis politiques. Ces derniers lancent à tire-larigot des initiatives démagogiques chaque fois qu'une élection s'annonce à l'horizon. Il conviendrait donc, en effet, de faire cesser les abus et de rendre aux citoyens cette possibilité de faire entendre leur voix.

Mais les choses se gâtent quand Avenir Suisse décrit les moyens à mettre en œuvre.

Pour commencer, Messieurs les experts proposent de faire examiner par la Chancellerie fédérale, avant leur lancement, la validité juridique des initiatives. De la sorte, si celles-ci ne sont pas conformes au droit, on économisera l'argent et les efforts que nécessite l'opération. L'ennui, c'est que, on peut en être certain, les juristes de la Confédération sauront trouver la faille si on leur en donne l'ordre sous prétexte qu'une initiative risque d'aller contre la volonté des autorités.

Ensuite, sans doute pour faciliter la tâche des initiants et soulager les bénévoles qui récoltent les signatures, nos penseurs indépendants préconisent de faire passer de 100'000 à 210'000 le nombre desdites signatures.

Enfin, et pour simplifier encore les choses, les messieurs d'Avenir Suisse proposent l'introduction d'un référendum obligatoire sur la législation de mise en œuvre des initiatives. Nous avouons à notre grande honte ne pas très bien comprendre ce que cela signifie dans la pratique, mais, compte tenu de ce qui précède, nous doutons qu'il s'agisse d'élargir les droits populaires.

Les détenteurs du pouvoir, officiel ou non, n'aiment pas la démocratie directe, qui permet de les contrôler et, souvent, de les entraver.

Raison de plus pour se battre bec et ongles contre toute nouvelle tentative d'en restreindre l'exercice.

Le Pamphlet

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