Xénophobie

Une flambée de xénophobie met le pays en état d'alerte, titrait 20 minutes dans ses pages Monde le 16 avril. Le lecteur distrait ou pressé aura conclu à l'action violente de quelque parti d'extrême droite occidental contre de braves immigrés et passé plus loin. Le lecteur à peine moins distrait et un tout petit peu moins pressé aura constaté en prenant connaissance du chapeau que les faits se sont déroulés en Afrique du Sud et en aura déduit, avant de passer outre, que les vilains Blancs continuent à sévir contre les gentils Noirs, immigrés en l'occurrence, dans le pays de saint Mandela.

Eh bien! pas du tout. Certes, l'auteur de l'article – en fait un communiqué AFP – réussit le tour de force de ne pas donner une seule fois la couleur des xénophobes en action. Il faut atteindre la fin du dernier paragraphe pour apprendre que le roi des Zoulous a été accusé «d'attiser les violences en invitant les immigrants à “faire leurs bagages”, le mois dernier».

Si on ajoute à cela que, selon le site de Jeune Afrique¹, Edward Zuma, fils du président sud-africain Jacob Zuma, aurait tenu des propos comparables, force est de constater que les Blancs sont fort peu présents dans cette affaire.

Comment donc? Des Noirs xénophobes? Il doit s'agir d'une erreur! Pourtant non, puisque les organisations de défense des droits de l'homme ont porté plainte auprès de la commission des droits de l'homme sud-africaine – ça existe, ce qui doit rassurer les fermiers blancs menacés dans leur vie et dans leurs biens – contre les deux «dérapeurs».

On notera au passage une jolie manipulation de l'AFP, laquelle a «oublié» de préciser que le roi zoulou Goodwill Zwelithini avait préconisé le départ des immigrants illégaux², ce qui n'est tout de même pas exactement la même chose.

Et on se souviendra que tous les humains, quelle que soit leur origine et leur couleur, sont capables de développer de regrettables mécanismes d'auto-défense quand ils se sentent envahis et que leurs autorités restent les bras croisés.

M.P.

¹ www.jeuneafrique.com (2 avril 2015).

² Ibid. (15 avril 2015).