Un pape franc-maçon?

«Clôture du Concile Vatican II. La liturgie est modifiée; la mention de “peuple déicide” concernant les Juifs est supprimée; le latin est abandonné; le prêtre dira la messe en langue vernaculaire et face à la foule.»

Nouvelliste du 9 juin 2015 p. 22, sous la rubrique Valais 1815 - 2015, année 1965.

Pour un étranger au catholicisme, l'institutionnalisation d'une doctrine officielle, surtout lorsqu'elle prétend à l'infaillibilité quand elle est définie solennellement, apparaît volontiers comme un effroyable carcan pour l'esprit actuel. C'est là une erreur de perspective très dommageable pour la compréhension sereine et aussi, la précision importe, raisonnable de cette religion. En fait, la cohérence de l'enseignement dogmatique de l'Eglise catholique est le plus solide appui et la meilleure garantie donnée aux fidèles de cette religion et proposée à tous les autres hommes. Ce système n'est en rien une dictature des consciences, mais il constitue au contraire leur plus ferme appui.

Si la doctrine catholique solennellement définie est en soi irréfutable, ce que doivent croire tous les catholiques, une conséquence inattendue en découle pour chacun d'eux et même pour les non-catholiques, chrétiens ou non: tous sont alors en mesure, s'ils connaissent cette doctrine, de contester jusqu'à la légitimité d'autorités ecclésiastiques se réclamant de cette religion quand , durablement et publiquement, elles enseignent ou mettent en pratique des doctrines déjà formellement condamnées. Dans ces hypothèses, la liberté des fidèles est sauve et c'est elle qui, en maintenant la vraie doctrine et en qualifiant l'erreur, témoigne légitimement contre une fausse hiérarchie du véritable catholicisme. Y a-t-il meilleure preuve que cette religion, loin de porter atteinte à la dignité de l'esprit humain, préserve en réalité sa vraie grandeur?

Voici quelques exemples pris dans l'actualité:

1. La notion de “peuple déicide” à propos des juifs de tradition talmudiste: si la loi de la prière détermine la loi de la croyance (l'adage remonte au pape saint Célestin), pour autant qu'il s'agit de la liturgie romaine, c'est-à-dire universelle, le fait d'émettre un simple soupçon d'erreur sur l'expression de “peuple déicide”, utilisée pendant des siècles par cette liturgie dans les impropères du Vendredi saint, est totalement irrecevable. Mais alors se pose une vraie question: Vatican II a-t-il conservé intacte la vraie foi de l'Eglise catholique?    

2. Au sujet de l'abandon du latin: «Si quelqu'un dit que la messe ne doit être célébrée qu'en langue vulgaire, qu'il soit anathème.»1 Tout commentaire est superflu.           

3. La messe face au peuple: «C'est Dieu qui doit toujours être le point de référence et non l'homme. D'où, dès l'origine, l'orientation de tous vers lui et non un face-à-face entre le prêtre et l'assemblée. Il nous faut en tirer la conséquence et reconnaître franchement que la célébration “versus populum” est une erreur. Car elle est en définitive orientation vers l'homme et non vers le Seigneur.»2

Quand donc nous entendons Bergoglio inviter les musulmans à honorer Dieu dans leur propre religion, admettre la neutralité confessionnelle de l'Etat et du système démocratique de droit, thèse évidemment maçonnique, nous ne sommes guère surpris de l'audience actuelle de telles nouveautés dans le monde contemporain. Ce qui, en revanche, nous étonne, c'est que de tels aveux ne suscitent dans les milieux dits traditionalistes catholiques aucune mise en cause, sinon très marginale et d'ailleurs réprouvée, de la légitimité d'un tel Concile et d'un tel pape en particulier.

Ça, c'est l'esprit de servitude. Le catholicisme lui sera toujours étranger.

Michel de Preux

1 Canon IX du Concile de Trente, XXIIe session, sur le sacrifice de la messe.

2 Klaus Gamber, Tournés vers le Seigneur, 1993, p. 59. Cette étude fut préfacée par ... le cardinal Joseph Ratzinger, son auteur étant le fondateur de l'Institut liturgique de Ratisbonne! Dans une autre étude parue en 1992 et intitulée La Réforme liturgique en question, le même Klaus Gamber écrivait: «En définitive, on sera bien obligé de reconnaître qu'avec les nouvelles formes liturgiques, quelque bien intentionnées qu'elles aient été, on a donné aux gens des pierres à la place du pain.» (p.93 ).

 

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