Pas inquiets?

Le 11 septembre, on trouvait sur le site de 20 minutes un gros titre annonçant, à propos d'un sondage, la rassurante nouvelle suivante: Les Allemands pas inquiets de l'afflux de réfugiés. Ils en ont de la chance, ces Teutons, me suis-je dit un peu surprise avant de passer au sous-titre, qui précisait: Quatre personnes sur cinq ont dit que l'immigration n'avait en rien changé leur vie quotidienne. On apprend en outre, dans le corps de l'article, que «soixante et un pour cent des Allemands ne se sentent pas menacés par l'afflux sans précédent de réfugiés dans leur pays (…) [mais se disent] toutefois mécontents de la manière dont le gouvernement gère la situation».

Comme d'habitude, les commentateurs jouent sur les mots et les chiffres afin de noyer le poisson.

Il est avéré que les résultats d'un sondage dépendent de la manière dont les questions sont posées. Il est évident qu'un individu peut ne pas se sentir dérangé ou menacé tout en craignant pour l'avenir. Il est clair aussi que, dans un pays dont l'arsenal judiciaire contre l'incitation à la haine est d'une redoutable efficacité, une partie au moins des personnes interrogées aura tendance à surveiller ses propos. De plus, il serait intéressant de savoir combien, parmi les personnes qui critiquent leur gouvernement, jugent que ce dernier se montre trop méchant et pas assez accueillant envers toute la misère du monde. En l'absence de données précises sur ces points, il est abusif de prétendre que les Allemands ne sont pas inquiets.

L'immigration, pourtant importante en Suisse, n'a aucune influence sur ma vie quotidienne. Pour l'instant, je ne me sens absolument pas menacée par l'afflux de réfugiés qui va très bientôt, quoi qu'en dise cette bedoume de Simonetta Sommaruga, atteindre notre pays du fait de la fermeture des frontières de nos voisins. Pourtant je suis inquiète et très mécontente, moi aussi, de la manière dont le Conseil fédéral gère la situation.

Je ne suis apparemment pas la seule en Suisse, puisque la manifestation organisée à Genève le 12 septembre, par tout ce que la gauche compte de plus nuisible, en vue d'exiger l'ouverture des frontières et de protéger les migrants, n'a réuni que sept cents participants, celle de Lausanne en rassemblant cinq cents le 15 septembre. Même si, ce qui est fort improbable, aucun des excités de Genève ne s'est retrouvé à la place Saint-Laurent trois jours plus tard, ces chiffres sont ridicules pour des cantons qui comptent respectivement pas loin de cinq cent mille et plus de sept cent soixante mille habitants.

Il faut être journaliste pour voir dans ces manifestations un bel élan de solidarité.

M.P.

Thèmes associés: Ethique - Politique fédérale

Cet article a été vu 2984 fois

Recherche des articles

:

Recherche des éditions