La politique climatique de la Suisse fait fausse route

(Lettre ouverte adressée le 23 novembre 2015 par Michel de Rougemont, docteur ès sciences techniques et consultant indépendant, aux parlementaires fédéraux nouvellement élus ou réélus)

A l'orée d'une conférence internationale sur le climat à Paris (COP21), et face à un agenda parlementaire chargé, il est indispensable de revenir sur les raisons qui justifient, ou non, une politique climatique de la Suisse ainsi que la stratégie énergétique qui lui est en partie liée.

On en est maintenant à discuter de modalités, oubliant que l'orientation stratégique n'a pas vraiment été débattue. Le Conseil fédéral, l'administration et la commission consultative à ce sujet (OcCC) sont alignés sur les seules recommandations du GIEC, groupe intergouvernemental dont il n'a jamais été la tâche de mettre en évidence d'autres causes du réchauffement climatique que celles induites par l'activité humaine. Malgré ses erreurs et limitations, il faudrait donc admettre l'exigence que le climat peut et doit être mis sous contrôle et qu'une transition énergétique s'impose.

Après, en toute indépendance et sans parti pris, avoir étudié ces sujets pendant des années, j'en arrive à des conclusions bien différentes, et je ne suis pas le seul:

  1. Nous savons tous que les conditions climatiques ont changé au cours du temps et qu'un réchauffement significatif a eu lieu depuis deux siècles environ.
    Ce ne sont pas non plus les bases scientifiques qui sont en cause, d'autant plus que celles-ci ne rendent compte que des observations du passé, proche ou très lointain.
    Ce n'est pas l'objet du débat.
    Stratégie à suivre: surveiller l'évolution du climat et apprendre à s'y adapter.
  2. Le réchauffement actuel a démarré dès la fin du XVIIIe siècle, soit bien avant que les émissions massives de gaz carbonique (CO2) de l'ère industrielle aient pu y jouer un rôle. Les experts du GIEC n'en tiennent pas compte car les mécanismes de ces changements naturels restent mal connus et incalculables.
    Sur la base de ce qui a été mesuré jusqu'ici, rien ne permet d'affirmer que le réchauffement soit avant tout causé par les émissions de gaz carbonique.
    La physique nous dit que l'effet dit de serre causé par le CO2 doit bien exister; c'est là que s'arrête le fameux consensus scientifique de 97%, car les calculs de bilan thermique démontrent que la magnitude de cet effet n'est que très limitée.
    Réduire même drastiquement les émissions de CO2 n'aurait donc qu'un impact très mineur.
  3. Ce n'est que par des spéculations basées sur des modèles qui se sont avérés invalides que des scénarios projettent des hausses de température futures qui atteindraient des niveaux alarmants.
    Il faut refuser d'utiliser des outils incapables de recalculer l'actualité pour faire des projections dans l'avenir. Ces oracles ne sont ni scientifiques ni honnêtes. Ne pas croire aux extrapolations offertes par le GIEC, elles sont partielles, biaisées, fausses.

La  conclusion est sans appel: sans cette attribution causale quasiment exclusive, l'entier de l'activisme climatique perd sa raison d'être.

Une mobilisation générale contre le CO2 et les carburants fossiles est futile: elle n'aura pas d'impact significatif sur les conditions climatiques. Cette mobilisation est ruineuse car mettant en œuvre des orientations et des programmes coûteux sans conduire à un quelconque résultat. Et cette mobilisation est injuste, car elle bridera le développement social et économique de peuples entiers dont les priorités et les urgences sont d'un tout autre ordre, vraiment existentiel celui-là.

La Suisse, qui s'engage dans les conférences sur le climat avec l'ambition de se montrer une des meilleures élèves de la classe, fait fausse route et participe à cette futilité, ce gâchis et cette injustice. Cette politique doit se réorienter vers plus d'adaptation et de précaution, et moins de promesses.

Une des autres conséquences de tout cela est qu'une ambitieuse et rapide transition énergétique ne se justifie pas. Avant donc d'en discuter les détails il est tout aussi urgent de remettre en question le périmètre de cette transition, son absence d'urgence, et sa solidité économique à court et long terme.

Je vous exhorte donc à porter un œil des plus critiques sur ces sujets complexes et stratégiquement si importants, et à faire changer de cap des politiques mal orientées.

Michel de Rougemont
http://blog.mr-int.ch

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