Dictature?

Les propos de M. Christoph Blocher lors de l'assemblée générale annuelle de l'Albisgütli, le vendredi 15 janvier, ont créé une certaine émotion: la Suisse serait sur le point de devenir une dictature.

Il est vrai que le Conseil fédéral, l'administration fédérale, les juges et le Parlement semblent faire peu de cas de la volonté populaire pourtant clairement exprimée. Pour complaire aux intellectuels de gauche ou pour s'attirer les bonnes grâces de l'Union européenne, la nomenklatura fédérale tente de saboter le contrôle de l'immigration ou le renvoi effectif des criminels étrangers.

Mais le Conseil fédéral, le Parlement, l'administration et les juges n'ont aucune envie de jouer les dictateurs. Ils doivent seulement obéir.

De leur point de vue, ils ne doivent pas obéir à la volonté du peuple, réputé immature, ignare et mal informé, mais aux volontés exprimées par la Commission européenne, le Département des contributions américain , l'ONU, la Cour européenne des droits de l'homme, la Commission fédérale contre le racisme et l'antisémitisme, le Bureau de l'égalité et la Banque Goldman Sachs.

Ce sont eux, les dictateurs: personne n'a élu ces gens, ils se cooptent et ils règnent. Leurs ukases sont recueillis pieusement et on les salue tête nue, comme il fallait saluer le chapeau de Gessler.

Il me font doucement rigoler, ces professeurs de droit qui proclament que l'initiative de mise en œuvre violerait le principe de proportionnalité. Etant moi-même professeur honoraire (de droit), je pose à ces aimables confrères la question suivante: comment justifient-ils que des centaines d'étrangers soient interdits d'entrée et de séjour en Suisse, sur la simple injonction de l'ONU, alors qu'ils n'ont jamais commis un acte délictueux ni en Suisse ni contre la Suisse et peut-être même aucun délit nulle part?

Les pays victimes de sanctions internationales figurent au Recueil systématique de la législation sous référence 946.23. La liste des malheureux individus proscrits fait partie de l'annexe, qui n'est plus publiée mais qu'on peut se procurer au SECO.

Je parie que personne, en Suisse, n'est capable de me dire les motifs qui justifieraient que Monsieur X, qui figure sur ces listes, mérite une interdiction d'entrée et de séjour en Suisse.

Or, dès le moment où les autorités légitimes d'un Etat promulguent des interdits qu'elles ne comprennent pas elles-mêmes mais qui leur sont imposés par une autorité externe non élue, on est sur le chemin de la dictature.

Christoph Blocher a raison.

Claude Paschoud

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