Votations

Autant que je puisse en juger, les trois sujets sur lesquels les Suisses devront se prononcer le 25 septembre ne passionnent pas les foules ni n'enflamment les réseaux sociaux. Ils méritent tout de même qu'on leur porte un peu d'attention.

L'initiative populaire Pour une économie durable et fondée sur une gestion efficiente des ressources (économie verte) prétend faire inscrire dans la Constitution des objectifs et des mesures aussi vagues que son libellé, afin de «ramener d'ici à 2050, nos atteintes à l'environnement à un niveau globalement soutenable»1 – comme c'est précis, là encore! –, étant admis que «la recherche montre que cet objectif est réaliste». Merci, Madame La Recherche!

Personne ne souhaite léguer aux générations futures un monde complètement détruit, pas plus les entreprises que les particuliers. Il n'est donc pas souhaitable d'encombrer la Constitution d'un nouvel article qui ne servira à rien sinon à entraîner des dépenses et des taxes supplémentaires.

Je voterai NON.

Le cas de l'initiative populaire AVSplus: pour une AVS forte, qui veut que toutes les rentes de vieillesse actuelles et futures soient relevées de 10%, est vite réglé: on n'a pas les sous! Et il n'est pas question de procéder à «une modeste augmentation de 0,4 point de la cotisation salariale à l'AVS (autant pour l'employeur)». A force d'ajouter aux cotisations salariales de modestes augmentations de zéro point quelque chose, on finit par diminuer sensiblement le pouvoir d'achat de travailleurs, qui pour la plupart ont des familles à nourrir et des enfants à élever; et par mettre en péril la santé des entreprises pourvoyeuses d'emplois.

Je voterai NON.

La loi fédérale sur le renseignement (LRens), qui fait l'objet d'un référendum, est censée donner au Service de renseignements de la Confédération (SRC) des «moyens modernes pour continuer de garantir la sécurité de la Suisse dans un environnement où les menaces sont plus graves». En gros, les possibilités de surveillance du SRC sont considérablement étendues – en fait, n'importe qui peut en faire l'objet, notamment en étant mis sur écoute téléphonique –, mais, «en contrepartie (…), la LRens instaure une rigoureuse procédure d'autorisation» et «renforce au surplus la surveillance sur le SRC et les droits des citoyens vis-à-vis de celui-ci».

Je suis bien certaine que, tout comme moi, vous avez lu cette loi d'un bout à l'autre. Vous avez donc pu constater que les procédures d'autorisation et le système de surveillance du Service de renseignements de la Confédération sont tellement complexes qu'elles s'avéreront inapplicables. En plus, il y a tellement d'exceptions possibles «au besoin» ou «en cas d'urgence» que le SRC pourra faire à peu près ce qu'il veut, quel que soit le résultat du vote.  

Ça ne me dérange pas. Nous avons besoin d'un service de renseignements efficace. Ce qui m'agace – et m'inquiète – , c'est qu'on essaie de nous faire croire que, jusqu'ici, le SRC était inefficace, faute de «mesures de surveillance adaptées à notre temps (…)», et qu'on tente de nous persuader qu'un service de renseignements efficace est compatible avec «la liberté des individus».

Je voterai NON.

Mariette Paschoud

 

1 Toutes les citations sont tirées de la brochure Votations du 25 septembre 2016 / Explications du Conseil fédéral.

Thèmes associés: Economie - Environnement - Politique fédérale

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