Incompétents!

Ainsi donc la Conférence des évêques suisses nous informe qu’elle rejette,par cohérence «avec nos valeurs chrétiennes et les principes démocratiques de notre pays»1, l’initiative populaire de l’UDC contre la construction des minarets.

Comme citoyens, les évêques suisses ont évidemment le droit d’émettre l’opinion de leur choix sur tout objet soumis au vote populaire. Comme pasteurs assujettis à une doctrine catholique, ce choix est limité, sauf à se voir opposer publiquement le grief de désinformation et d’abus de l’autorité cléricale, qu’on est en droit de formuler tout aussi publiquement.

En effet, la tolérance d’une fausse religion qui, de surcroît, ne pratique pas, dans des Etats se réclamant de sa foi, la réciprocité, qui admet des pratiques barbares (excision, peines vindicatives pour le simple port du pantalon par une femme, survivance de l’esclavage domestique) n’a pas à être érigée en principe normatif inconditionné, et surtout pas au nom des principes démocratiques modernes en plus ! Pareille tolérance ne relève en l’occurrence que de la seule opportunité sociale et politique, sans même parler de la vertu de prudence (vertu cardinale pour un chrétien) avec laquelle la position publique des évêques suisses se concilie difficilement.

C’est donc dénaturer la question de la tolérance et faire de celle-ci un faux principe idéologique, inadmissible en lui-même, que de prendre appui tant sur les valeurs chrétiennes (non précisées en outre) que sur les principes démocratiques pour discréditer une initiative qui doit, en bonne morale, être traitée sous le seul angle de l’opportunité et de la saine raison pratique, ainsi, répétons-le, que de la vertu de prudence.

Il faut donc rejeter comme totalement irrecevable un autoritarisme clérical notoirement incompatible avec les «valeurs chrétiennes» et les principes de la plus élémentaire raison politique. Le communiqué de la Conférence des évêques suisses relève de l’intoxication, il trompe le lecteur à la fois sur le sens des valeurs morales et la juste autonomie de l’ordre politique.

Michel de Preux

1 Communiqué du 9 septembre 2009

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