Le mystère de la troisième tour

Quinze ans après les événements tragiques qui ont endeuillé toute l'Amérique, il subsiste un mystère relatif à l'effondrement subit, à 17h20 le 11 septembre 2001, de la troisième tour (World Trade Center 7).

Cette tour, construite sur huitante et un piliers, s'est effondrée sur elle-même de façon parfaitement symétrique, comme si tous ses piliers s'étaient brisés en même temps, alors même qu'elle n'avait pas été percutée par un avion.

Le rapport officiel publié en 2014, et qui comporte quelque six cents pages, ne traite que de l'attentat contre les deux premières tours et passe la chute de la troisième sous silence. Le rapport du NIST (National Institut for Standards and Technology) publié en 2008, soit encore pendant la présidence de Bush (qui était donc le chef hiérarchique de cette agence), conclut à l'hypothèse d'une rupture du pilier n° 79 à cause de l'incendie. Mais cette hypothèse est très improbable, compte tenu de l'effondrement symétrique du bâtiment.

Reste l'hypothèse d'une démolition contrôlée qui a les faveurs de nombreux scientifiques, mais qui gêne à ce point le pouvoir établi que les ingénieurs en génie civil qui ont osé publier le résultat de leurs expertises sont qualifiés de conspirationnistes ou de complotistes.

Le Littré connaît les comploteurs et les conspirateurs; ce sont ceux qui ourdissent des complots, qui organisent des conspirations. On désigne maintenant du nom de complotiste celui qui imagine de sombres complots qui n'existent que dans son imagination pervertie par une idéologie absurde. Sachant le sort réservé par la presse, généralement proche du pouvoir, et par l'opinion publique (qui pense rarement) aux recherches et aux travaux qui remettent en question les thèses officielles, les experts en génie civil complotistes préfèrent se taire, même s'ils sont probablement plus nombreux et dans tous les cas plus intelligents ou mieux renseignés que les autres.

L'historien suisse Daniele Ganser et l'ingénieur en génie civil EPFZ Jörg Schneider ont eu l'imprudence de publier le résultat de leurs recherches sur la chute du WTC7: la troisième tour s'est effondrée, probablement, par démolition contrôlée. Les voici qualifiés de complotistes, chassés des universités où ils enseignaient et brocardés dans la presse comme d'aimables doux dingues.

Il ne faut pas oublier que la chute des tours jumelles de New York, organisée et exécutée par seulement dix-neuf islamistes à la solde de Ben Laden, a été le casus belli justifiant l'entrée en guerre des Etats-Unis et de ses alliés contre l'Afghanistan, et les dizaines de milliers de morts qui en furent la conséquence.

Or, si la troisième tour, entièrement évacuée, a été démolie par une opération de controlled demolition, pourquoi les deux premières ne se seraient-elles pas effondrées pour la même raison, et les avions n'y auraient-ils pas joué qu'un rôle de leurre? C'est dès le moment où vous concevez (et surtout où vous publiez) une telle hypothèse que vous devenez un complotiste et que vos travaux perdent tout crédit en un instant, quand bien même vous étiez dans votre domaine un expert de renommée mondiale.

Il serait insupportable à l'opinion publique américaine, et même au monde entier, d'admettre que les trois mille Américains morts à New York dans l'effondrement des tours ont pu périr avec la complicité du gouvernement américain qui était au courant et qui a laissé faire (let it happen) ou, pire encore, par une opération conduite sur ordre du gouvernement américain (make it happen)! Certains esprits tourmentés ont déjà évoqué la passivité ou la complicité du gouvernement dans l'attaque de Pearl Harbour et dans l'assassinat de John Kennedy. Ces hypothèses sont si choquantes qu'elles ne devraient même pas être énoncées comme des éventualités.

Il faudrait donc que l'article 261bis du Code pénal soit complété par un paragraphe qui réprime celui qui niera que l'effondrement de la troisième tour a été causé par l'incendie d'un seul des huitante et un piliers soutenant le bâtiment, incendie provoqué par des débris projetés par les deux tours jumelles, elles-mêmes entièrement démolies par la collision sur les bâtiments de deux avions dont on n'a rien retrouvé.

Plus sérieusement: je ne suis pas qualifié pour trancher entre la thèse officielle et celle des sceptiques. Il suffit de chercher sur Google WTC7 pour y trouver des centaines de pages qui défendent les théories complotistes ou s'en moquent. Il n'empêche que le public ne fait plus systématiquement et aveuglément confiance à ses hommes politiques. Certains, comme Cahuzac, ou Sarkozy, se font prendre les doigts dans le pot de confiture. D'autres étaient peut-être de bonne foi quand ils ont colporté des mensonges, telle la légende des bébés du Koweit ou celle des armes de destruction massive, mensonges qui ont servi de prétexte à des guerres sanglantes, dont le véritable enjeu était et reste la répartition des ressources pétrolières et la santé de l'industrie d'armement. Ces objectifs, tout louables qu'ils sont, parlent peu aux mères qui voient leurs fils partir à la guerre. Une action horrible de l'ennemi va doper leur patriotisme.

Il n'y a pas de complot, pas de manœuvres souterraines et cachées. Le pouvoir en place, aux Etats-Unis, vise ouvertement à la sujétion des nations européennes, à la mainmise sur le pétrole du Moyen-Orient et in fine à l'hégémonie mondiale. Il suffit de poser cette grille de lecture sur le soutien américain à Israël et à l'Arabie séoudite qui soutient Daech, sur les armes livrées aux rebelles dits «modérés» en Syrie, sur les tentatives de diaboliser le président Bachar El Assad, sur la destruction des structures étatiques en Libye et en Irak par l'assassinat de leurs dirigeants, sur les critiques formulées contre le président Poutine: tout concorde. Rien n'est secret, tout est visible à l'œil nu.

Claude Paschoud

Thèmes associés: Histoire - Politique internationale

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