L'étrange succès de Trissotin

«On cherche ce qu'il dit après qu'il a parlé.»

Molière: Les Femmes savantes II/7

M. Emmanuel Macron est au monde politique ce que Trissotin fut au théâtre de Molière: un rhéteur bavard et inculte, capable néanmoins d'éblouir les imbéciles par des formules ampoulées et absconses.

M. Macron est un pur produit de consommation courante à l'usage des foules décervelées par un marketing qui prend soin de s'adapter chaque jour aux nouvelles tendances du marché. Ce n'est pas par hasard que le candidat du mouvement En Marche n'a publié que fort tard une ébauche de programme. Il fallait d'abord que ses conseillers en communication analysent ce que la plèbe souhaitait entendre.

Dans le slogan En Marche, le graphisme du E et celui du M sont identiques à ces mêmes lettres dans sa signature, celle d'un enfant de cinq ans tout fier d'avoir réussi sa ligne de bâtons au cours de calligraphie.

Analysez ses interventions orales, dans ses meetings ou lors de l'affrontement entre les cinq candidats sélectionnés par TF1, relisez ses tweets. Habilement, il ne promet rien, mais marque ses bonnes intentions par des «je veux…» qui soulignent sa détermination.

Je veux redonner à chaque Française et chaque Français confiance en eux… je veux bâtir avec vous une France nouvelle, qui innove, recherche, crée et vit, je veux  passer avec vous un contrat de droits, de devoirs, et de responsabilités, je veux remettre la transmission des savoirs fondamentaux, de notre culture et de nos valeurs au cœur du projet de notre école et de nos universités, je veux simplifier le droit du travail, et réformer l'assurance chômage pour en faire un droit, je veux moraliser et responsabiliser la vie publique, et renouveler la représentation nationale, je veux  assurer la sécurité, faire respecter sans concession notre laïcité, restaurer partout l'autorité de l'Etat et dans l'Etat, garantir l'indépendance de l'autorité judiciaire.

N'importe qui peut souscrire à un tel programme, auquel il manque juste la volonté d'éradiquer la pauvreté et la maladie dans le monde entier, la promesse d'accession à la richesse et au bonheur pour tous, la retraite à quarante-deux ans et le soleil garanti pendant les vacances.

Rien n'est documenté, chiffré, estimé. Rien n'est concret. Les mesures envisagées coûteraient des milliards et on ignore où on pourrait les trouver dans un pays dont la dette publique atteint presque le 100% du produit national.

Mais ces vulgaires contingences matérielles sont sans importance pour le cortège de benêts qui suivent le joueur de flûte au physique de gendre idéal. Chez Rothschild, il n'a rien appris, puisqu'après y avoir gagné des millions, sa fortune actuelle est inférieure à celle de Mélenchon. Ses compétences en géographie ne sont pas meilleures: il croit que Villeurbanne est une banlieue de Lille et il pense que la Guyane est une île.

En fait, il ne dit rien parce qu'il n'a rien à dire. Il est la marionnette du grand capital international et de l'économie globalisée dont il serait le gauleiter pour la France si les électeurs se laissaient charmer par ses allures de premier de classe et par ses formules creuses.

Que Dieu protège nos voisins d'un tel président!

C. P.

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