Bilinguisme
Ayant décidé de persécuter sans relâche les automobilistes qui polluent ses rues, la Ville de Lausanne s’ingénie à supprimer les possibilités de se garer gratuitement, notamment en remplaçant des zones bleues par des places payantes, dont l’occupation est limitée à deux heures pendant les jours ouvrables.
Toutefois, prévoyant que les habitants de la commune pourraient parfois souhaiter inviter, un autre jour que le dimanche, des amis et parents domiciliés à une certaine distance et propriétaires d’une voiture, nos autorités ont trouvé une formule astucieuse: vendre, par l’intermédiaire de l’Office de la circulation et du stationnement de la police de Lausanne, des cartes à usage unique permettant aux automobilistes de s’installer, pour la journée ou pour une demi-journée, sur les places à durée d’utilisation limitée, zones bleues comprises.
Soucieuse du confort de mes invités, j’ai décidé de faire provision d’autorisations de parcage à 8 francs la demi-journée et 15 francs la journée en zone périphérique – au centre-ville, c’est plus cher.
Je me suis donc rendue – par les transports publics – à l’office ci-dessus mentionné, où une employée plus efficace qu’aimable m’a fourni les cartes convoitées.
On n’attend pas longtemps à l’Office de la circulation et du stationnement; assez longtemps toutefois pour pouvoir prendre connaissance des «prestations de la police municipale de Lausanne» et des «Lausanne municipal police services» affichés dans l’antichambre.
C’est bien connu: tous les visiteurs de Lausanne, ville olympique, maîtrisent l’anglais, à part deux ou trois ploucs ignares, venus du fin fond de quelque lointaine vallée suisse allemande, rhétique ou tessinoise, et qui, de toute façon, n’ont jamais affaire à la police municipale de Lausanne.
M. P.
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