Voyage à Bali, un choc bienfaisant
Je rentre d’un voyage de trois semaines à Bali, île hindouiste dans une Indonésie à forte majorité musulmane. Je ne saurais trop recommander cette merveilleuse destination à quiconque désire découvrir l’Asie du Sud-Est et le dépaysement dans lequel nous plonge le contraste entre notre culture et celle des autochtones.
Tout y est différent, à commencer par la façon qu’ont les Balinais de vivre leur religion. La prière et les offrandes sont omniprésentes, pas une porte de maison, une voiture ou un autel sans un petit panier tressé en feuilles de palmier contenant fleurs, bâton d’encens et petit présent pour la divinité ou le démon du lieu. En plus des temples publics, les familles ont souvent un temple dans leur foyer, ce qui explique que l’île de Bali en compte plus de dix mille pour une population de 4,2 millions d’habitants. Cette pratique quotidienne et collective de leurs croyances semble créer chez les Balinais une grande cohésion communautaire, propice à un esprit d’entraide et de bonne entente qui se voit illustré dans ces petits gestes tout simples que sont les sourires gratuits et les offres d’aide spontanées.
Alors, bien sûr, en tant que touriste, vous allez vous faire gentiment arnaquer, la pratique du marchandage est un passage obligé et vous savez d’avance que vous allez payer un prix surfait; il faut bien que ces gens vivent. Mais c’est fait sans exagération et avec le sourire une fois encore.
Pour moi qui débarque de mon Occident individualiste et consumériste, le décalage est saisissant. Au-delà du pittoresque, on a le sentiment d’observer une société saine à tout niveau. Pas dans le sens où les gens nagent dans l’aisance: tout est sommaire et, s’il n’y a pas de mendiants dans les rues, on n’a pas une sensation d’opulence. Mais la société est structurée autour de la famille et de la communauté. L’individu fait partie du tout et n’a pas une importance primordiale. Comme il n’y a pas de système de retraite, les enfants ont la responsabilité d’entretenir leurs parents sur leurs vieux jours. Le féminisme délirant n’a pas encore atteint l’île des Dieux et, si la société est clairement patriarcale, les femmes ne semblent pas se plaindre de leur situation. Elles assument le rôle traditionnel de la gestion de la maison et peuvent travailler.
On ne croise pas non plus d’individus extravagants, comme on en voit chez nous, au sexe incertain et dont l’apparence laisse supposer des troubles psychiatriques sérieux. Ces névroses de l’identité et de l’individualisme n’ont pas lieu d’être dans une société où les principes religieux reposent sur l’harmonie entre les personnes, les dieux et la nature.
Finalement, le sentiment de sécurité est fantastique. C’est peut-être dû à la sévérité des peines en cas de vol (plusieurs années de prison) ou de possession de drogue (peine de mort), mais pas un seul instant je n’ai ressenti le moindre danger durant tout mon voyage. Même la circulation routière totalement chaotique, où les innombrables scooters dépassent par tous les côtés, se règle aimablement et le flux des véhicules s’autorégule à petite vitesse.
Lorsque l’on voit fonctionner la culture balinaise, on ne comprend vraiment pas pourquoi les occidentaux croient nécessaire de répandre leurs valeurs démocratiques, laïques et individualistes.
Michel Paschoud
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