Editorial

Selon 20 minutes du 13 janvier, «le jeune Soleurois qui a tué son ex-petite amie à Peseux (NE), en novembre dernier, portait sur lui un couteau de cuisine», ce qui donne à penser que son acte était peut-être prémédité. Il semble donc qu’il ne soit pas nécessaire de recourir au fusil d’assaut pour commettre un assassinat.

L’unique objet de notre ressentiment, sera, lors de la votation fédérale du 13 février, l’initiative «Pour la protection face à la violence des armes», dont le but avoué est non seulement d’empêcher les militaires suisses de garder leur arme chez eux en dehors des périodes de service, mais aussi de limiter drastiquement l’acquisition, la possession, le port ou l’utilisation d’armes à feu. Il faut noter que cette limitation, qui entravera l’activité des chasseurs et des sportifs du tir, est destinée, c’est cousu de fil blanc, à masquer le fait que les initiants – emmenés, comme c’est curieux, par le Groupe pour une Suisse sans armée – tentent une fois de plus d’affaiblir la défense nationale, comme si nos autorités ne s’en chargeaient pas avec une persévérance digne d’une meilleure cause. Ayant compris qu’ils n’obtiendront pas la suppression pure et simple de l’armée par une attaque frontale, les pacifistes de tout poil procèdent selon le principe dit «de la tranche de saucisson»: supprimer ce qui fait la grandeur du soldat de milice, à savoir la responsabilité, fondée sur la confiance qu’on lui fait, de son équipement personnel, en particulier de son arme, en tout temps; obtenir la suppression de la conscription, donc de l’armée de milice, en faveur d’une armée de métier, dont on s’attachera ensuite à démontrer, non sans raison d’ailleurs, qu’elle est inapte à assumer la défense du pays et qu’il vaut donc mieux y renoncer.

Les arguments officiels des fossoyeurs de l’armée suisse sont qu’il y a trop de suicides et de meurtres par armes à feu en Suisse. Mais une arme à feu non chargée – il y a déjà un certain temps que les soldats suisses n’emportent plus leurs munitions à la maison à la fin des périodes de service et on ne trouve pas de cartouches dans les supermarchés – ne peut guère être utilisée que pour tuer à coups de crosse, ce qui, nous semble-t-il, exclut le suicide et devrait entraîner, dans les statistiques, l’apparition d’une hausse des meurtres par assommoirs. Or les partisans de l’initiative, pourtant armés de statistiques jusqu’aux dents, ne signalent rien de tel.

Il est fastidieux de devoir le répéter, mais faisons-le tout de même: on ne supprime pas les guerres en supprimant les armées, on ne supprime pas les suicides et les meurtres en supprimant les armes à feu. Si on supprime les armées et les armes à feu, les guerres, les suicides et les assassinats s’opéreront par d’autres moyens, c’est tout.

Nous voterons «non» le 13 février.

Le Pamphlet

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