L'ONU dans ses oeuvres
Quelle fierté pour la Suisse de faire partie de l’ONU, cette organisation responsable de la coordination des efforts de reconstruction d’Haïti.
Tous les reportages diffusés à l’occasion du premier anniversaire de la catastrophe ont confirmé que rien n’avait pratiquement été fait depuis une année. Cinq pour cent seulement des gravats ont été éliminés et les 1300 millions de dollars collectés en faveur des sinistrés se sont volatilisés.
Un tremblement de terre qui a provoqué 230'000 à 250'000 morts, autant de blessés et un million de sans abris a suscité, on s’en doute, une immense émotion. Les promesses de dons ont afflué de toutes parts et on espérait pouvoir compter sur l’ONU pour coordonner l’intervention des ONG actives sur place, et pour répartir les dons.
Or, rien n’a été fait. On a assisté, dans les semaines qui ont suivi le séisme, à un invraisemblable ballet d’incompétences cumulées, de bonnes volontés brouillonnes, d’arrivées sur l’aéroport d’avions-cargos qui ne furent pas autorisés à atterrir.
Sans doute le manque de légitimité du pouvoir politique et sa fragilité ont-ils freiné les promesses de dons et entravé le calendrier des reconstructions. Mais 1,3 milliard de dollars ne peuvent disparaître sans laisser de traces. Où sont ces fonds?
Non seulement l’ONU n’en sait rien, mais les soldats népalais de l’organisation sont responsables, on le sait aujourd’hui, de l’épidémie de choléra qui avait déjà touché, il y a un mois, 93'222 personnes et provoqué 2'120 morts.
* * *
*
En Côte d’Ivoire, l’ONU proclame que le vainqueur des élections est le challenger M. Alassane Ouattara, alors même que la seule autorité constitutionnellement habilitée à confirmer ou infirmer l’élection présidentielle est le Conseil constitutionnel, et que cette autorité a désigné M. Laurent Gbagbo comme le président élu.
Il est piquant d’entendre les commentateurs prétendument respectueux de la démocratie prendre parti pour le candidat perdant, selon la seule autorité habilitée à en décider, laquelle autorité a été instituée selon une procédure démocratique.
On m’objecte que le Conseil constitutionnel est un aréopage constitué de sages essentiellement favorables à Gbagbo. Quand cela serait, ce ne serait pas un motif de contester ses décisions qui ne sont pas susceptibles de recours.
Il arrive également qu’en matière de droit du travail, par exemple, le Tribunal fédéral, présidé par un juge partisan, rende un arrêt franchement erroné. Comme le TF est la plus haute juridiction de notre pays, de tels jugements sont très fâcheux, parce qu’ils lèsent non seulement la partie qui aurait dû obtenir gain de cause et qui succombe, mais parce qu’ils troublent l’ensemble des justiciables par une jurisprudence reconnue absurde par l’ensemble des spécialistes.
Il faut pourtant s’en accommoder. Dura lex, sed lex.
En invalidant les résultats, vraisemblablement truqués, de sept départements du nord, et en confirmant dès lors la victoire de Laurent Gbagbo, le Conseil constitutionnel s’est-il trompé? Ce n’est pas exclu, mais sa décision, même éventuellement erronée, ne peut être contestée puisqu’il est le seul organe compétent selon la Constitution.
Une fois de plus, l’ONU joue un rôle de pyromane, bientôt suivie par les Etats-Unis et certains Etats européens, qui eussent été mieux inspirés de laisser les Ivoiriens régler leurs affaires internes sans s’en mêler. Il est hors de doute que M. Alassane Ouattara ne défie le président que parce qu’il y est encouragé par de bons apôtres, en Europe, qui se lamenteront demain de la guerre civile et du bain de sang presque inévitables, en pleurnichant qu’ils n’ont jamais voulu cela.
Pourquoi la France, les Etats-Unis et l’ONU ont-ils pris fait et cause pour M. Ouattara? Parce que ce candidat a obtenu 54 % des voix et qu’il est donc le représentant légitime du peuple? Ce n’est certainement pas la bonne raison. Ces mêmes pays entretiennent des relations cordiales avec douze dictateurs africains qui se moquent de la démocratie comme de colin-tampon. Les fameux observateurs internationaux sur lesquels s’appuient Ouattara et ses amis sont les mêmes qui avaient jugé conforme au droit l’élection du tyran Taylor au Libéria en juillet 1997, ce sont les mêmes qui ont toujours flirté avec Mugabé, Bokassa, Idi Amin Dada, Sékoutouré, Mobutu, Kadhafi, Ben Ali, Gnassingbé Eyadéma, Idriss Déby, Denis Sassou N’Guesso, Omar Bongo, Paul Biya ou autres clowns à la répression féroce.
Alors quoi? La vérité, c’est que l’ONU non seulement ne sert à rien, mais qu’elle est un facteur d’augmentation des risques de conflits dans le monde. Nous n’avons aucune raison de nous réjouir d’avoir adhéré au Machin comme l’appelait le général de Gaulle.
Claude Paschoud
Tous les reportages diffusés à l’occasion du premier anniversaire de la catastrophe ont confirmé que rien n’avait pratiquement été fait depuis une année. Cinq pour cent seulement des gravats ont été éliminés et les 1300 millions de dollars collectés en faveur des sinistrés se sont volatilisés.
Un tremblement de terre qui a provoqué 230'000 à 250'000 morts, autant de blessés et un million de sans abris a suscité, on s’en doute, une immense émotion. Les promesses de dons ont afflué de toutes parts et on espérait pouvoir compter sur l’ONU pour coordonner l’intervention des ONG actives sur place, et pour répartir les dons.
Or, rien n’a été fait. On a assisté, dans les semaines qui ont suivi le séisme, à un invraisemblable ballet d’incompétences cumulées, de bonnes volontés brouillonnes, d’arrivées sur l’aéroport d’avions-cargos qui ne furent pas autorisés à atterrir.
Sans doute le manque de légitimité du pouvoir politique et sa fragilité ont-ils freiné les promesses de dons et entravé le calendrier des reconstructions. Mais 1,3 milliard de dollars ne peuvent disparaître sans laisser de traces. Où sont ces fonds?
Non seulement l’ONU n’en sait rien, mais les soldats népalais de l’organisation sont responsables, on le sait aujourd’hui, de l’épidémie de choléra qui avait déjà touché, il y a un mois, 93'222 personnes et provoqué 2'120 morts.
* * *
*
En Côte d’Ivoire, l’ONU proclame que le vainqueur des élections est le challenger M. Alassane Ouattara, alors même que la seule autorité constitutionnellement habilitée à confirmer ou infirmer l’élection présidentielle est le Conseil constitutionnel, et que cette autorité a désigné M. Laurent Gbagbo comme le président élu.
Il est piquant d’entendre les commentateurs prétendument respectueux de la démocratie prendre parti pour le candidat perdant, selon la seule autorité habilitée à en décider, laquelle autorité a été instituée selon une procédure démocratique.
On m’objecte que le Conseil constitutionnel est un aréopage constitué de sages essentiellement favorables à Gbagbo. Quand cela serait, ce ne serait pas un motif de contester ses décisions qui ne sont pas susceptibles de recours.
Il arrive également qu’en matière de droit du travail, par exemple, le Tribunal fédéral, présidé par un juge partisan, rende un arrêt franchement erroné. Comme le TF est la plus haute juridiction de notre pays, de tels jugements sont très fâcheux, parce qu’ils lèsent non seulement la partie qui aurait dû obtenir gain de cause et qui succombe, mais parce qu’ils troublent l’ensemble des justiciables par une jurisprudence reconnue absurde par l’ensemble des spécialistes.
Il faut pourtant s’en accommoder. Dura lex, sed lex.
En invalidant les résultats, vraisemblablement truqués, de sept départements du nord, et en confirmant dès lors la victoire de Laurent Gbagbo, le Conseil constitutionnel s’est-il trompé? Ce n’est pas exclu, mais sa décision, même éventuellement erronée, ne peut être contestée puisqu’il est le seul organe compétent selon la Constitution.
Une fois de plus, l’ONU joue un rôle de pyromane, bientôt suivie par les Etats-Unis et certains Etats européens, qui eussent été mieux inspirés de laisser les Ivoiriens régler leurs affaires internes sans s’en mêler. Il est hors de doute que M. Alassane Ouattara ne défie le président que parce qu’il y est encouragé par de bons apôtres, en Europe, qui se lamenteront demain de la guerre civile et du bain de sang presque inévitables, en pleurnichant qu’ils n’ont jamais voulu cela.
Pourquoi la France, les Etats-Unis et l’ONU ont-ils pris fait et cause pour M. Ouattara? Parce que ce candidat a obtenu 54 % des voix et qu’il est donc le représentant légitime du peuple? Ce n’est certainement pas la bonne raison. Ces mêmes pays entretiennent des relations cordiales avec douze dictateurs africains qui se moquent de la démocratie comme de colin-tampon. Les fameux observateurs internationaux sur lesquels s’appuient Ouattara et ses amis sont les mêmes qui avaient jugé conforme au droit l’élection du tyran Taylor au Libéria en juillet 1997, ce sont les mêmes qui ont toujours flirté avec Mugabé, Bokassa, Idi Amin Dada, Sékoutouré, Mobutu, Kadhafi, Ben Ali, Gnassingbé Eyadéma, Idriss Déby, Denis Sassou N’Guesso, Omar Bongo, Paul Biya ou autres clowns à la répression féroce.
Alors quoi? La vérité, c’est que l’ONU non seulement ne sert à rien, mais qu’elle est un facteur d’augmentation des risques de conflits dans le monde. Nous n’avons aucune raison de nous réjouir d’avoir adhéré au Machin comme l’appelait le général de Gaulle.
Claude Paschoud
Thèmes associés: Politique internationale
Cet article a été vu 3649 fois