Bricoles

La responsabilité des juges

En France, la magistrature s’indigne que le Président de la République puisse mettre en cause la responsabilité des juges dans des affaires très médiatisées, comme par exemple l’assassinat de la jeune Laetitia par un multirécidiviste élargi par le juge d’application des peines.

Le juge Marc Trevidic qualifie M. Sarkozy de «multirécidiviste» parce qu’il avait déjà, comme ministre de l’intérieur, tenu des propos semblables. Selon le juge, la justice est faillible parce qu’elle manque de moyens.

S’il est vrai qu’on ne peut accuser la justice de laxisme si elle n’a pas les moyens en personnel de juger, ni l’administration pénitentiaire d’incompétence s’il n’y a pas assez de prisons ou de cellules, il en va autrement des juges d’application des peines et des psychiatres qui permettent à des criminels dangereux de sortir avant terme, au motif de bonne conduite. Ici, le manque de moyens financiers n’est plus une excuse absolutoire. On devrait poursuivre le JAP et le psy et les punir! (cp)

Diplomatie en souliers clous

Le Mexique est un Etat souverain dont la justice a condamné la jeune Française Florence Cassez, pour plusieurs enlèvements, à soixante années de prison.

Le jugement en appel, puis en cassation, a confirmé la culpabilité de Mlle Cassez, ce qui ne signifie évidemment pas que la justice mexicaine est infaillible. La condamnée n’a pas cessé de clamer son innocence, mais les faits démontrent que ces protestations sont peu crédibles.

Si la diplomatie française n’avait pas, la première fois lors de la visite de M. Sarkozy au Mexique il y a deux ans, clairement manifesté qu’elle tenait les juges mexicains pour des corrompus ou des Charlots, et qu’elle n’avait pas pratiquement exigé que Mlle Cassez soit transférée en France, peut-être celle-ci aurait-elle eu une petite chance de ne pas moisir à Mexico jusqu’en 2066.

L’arrogance des Français aura pour effet de lui faire perdre cette petite chance, sauf pressions politiques ou financières à venir, qui n’auront rien de juridique. (cp)

Discrimination

L'assistant du rabbin de Lausanne a été récemment victime d'une agression aux abords de la synagogue. La Commune a condamné, avec force, évidemment, cet acte inacceptable, et le municipal de la police Marc Vuilleumier n'a pas manqué de souligner que la Ville mène un combat sans relâche contre l'antisémitisme, le racisme et la xénophobie. Nul n'en doutait, mais on voudrait bien que «la Ville» manifeste une affliction aussi profonde et aussi publique quand une vieille dame se fait jeter à terre et arracher son sac à main par un malfrat. (mp)

Qui sème à tout vent...

Un Allemand s'est fait rouler par un couple de lesbiennes à qui il avait accepté de donner son sperme à la suite d'une petite annonce. Il était entendu que les deux pères-mères de l'enfant n'exigeraient aucune prestation financière de la part du géniteur. Las! Ces dames ont changé d'avis et réclament au père biologique, qui s'apprête dès lors à nier une paternité qu'il n'avait jamais contestée jusqu'ici, une pension alimentaire pour leur petit garçon.

Cet épisode démontre, certes, une fois de plus qu'on ne peut pas faire confiance à grand-monde. Mais, surtout, il illustre à la perfection les dérives d'une société qui, d'une part, tue les bébés jugés indésirables et, d'autre part, autorise en matière de procréation, des pratiques destinées à satisfaire les désirs purement égoïstes de «couples» qui, qu'on le veuille ou non, ne remplissent pas a priori les conditions propres à assurer une vie normale à l'enfant obtenu, comme dans le cas qui nous occupe, par le sperme d'un inconnu recruté par petite annonce.

J'espère que les «parents» du petit garçon se verront refuser le droit de rançonner le père biologique, mais je ne saurais plaindre ce dernier que rien n'obligeait à se prêter à cette opération. (mp)

Changement de ton

Au moment de la libération des deux journalistes allemands qui avaient été arrêtés en Iran – ce qui leur avait valu immédiatement la qualification d'otages – pour avoir eu un entretien avec le fils de l'Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani, dont la condamnation à la lapidation pour adultère et complicité d'assassinat avait bouleversé la toute sensible «communauté internationale», le journaliste de service évoquait simplement la femme «condamnée, dans un premier temps, à la peine de mort pour adultère».

Certes, on n'obtiendra pas que les gens de presse remettent en cause leurs certitudes au point d'admettre que la femme en question est selon tout apparence une authentique criminelle, mais il est intéressant de constater que le sort de cette victime de l'obscurantisme islamique semble désormais les laisser de marbre, alors qu'il n'y a pas si longtemps ils crachaient des flammes en compagnie de l'inénarrable Bernard-Henri Lévy, qui savait pourtant pertinemment que l'exécution de la sentence avait été suspendue. Peut-être ont-ils décidé de mieux choisir désormais leurs maîtres à penser. (mp)

De l'usage du 261 bis

La justice suisse, on le sait, tient beaucoup faire croire que l'article 261 bis du code pénal ou loi bâillon n'a pas été introduit uniquement à l'usage des négateurs de certaines armes de destruction massive utilisées en vue d'un génocide bien particulier. C'est pourquoi on voit passer de temps à autre une condamnation pour discrimination raciale ou incitation à la haine raciale symbolique, frappant quelque Turc coupable de nier le génocide arménien.

Il y a quelques semaines, un juge a cru faire mieux encore en reconnaissant l'écrivain israélien Avi Lipkin – les juifs ne sont pas à l'abri des foudres de la loi, hein, les antisémites! – coupable de discrimination raciale et d'atteinte à la liberté de croyance et des cultes pour avoir pris des positions iconoclastes sur l'islam lors de conférences tenues avant la votation fédérale sur les minarets. Le «délinquant» a été condamné à vingt jours-amendes à cinquante francs... avec sursis.

Qui donc croit-on tromper? (mp)

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