I had a dream
Venus de tout le canton, les insurgés s’étaient regroupés sur la place de la Riponne, à la Palud, sur la place de l’Europe au Flon, en scandant des slogans revendicateurs, tels «La Cretton, démission» ou, plus grossiers, comme «Ann’-Cath’rine, aux latrines».
Le résultat inattendu de la votation sur «Ecole 2010», où avait été plébicitée à 68 % l’initiative visant à la restauration des connaissances de base, la revalorisation de la grammaire, de l'orthographe, des méthodes d'enseignement explicites, avec des supports de cours qui contiennent la théorie à laquelle se rattachent les exercices, la valorisation de l'effort, de l'excellence et du dépassement de soi,avait clairement montré que le peuple vaudois entendait ne plus se laisser mener par le bout du nez par des pédagogistes abscons, par des théoriciens de l’enseignement n’ayant jamais enseigné, par des ex-instituteurs devenus fonctionnaires-rédacteurs de manuels scolaires après avoir échoué lamentablement dans leur carrière d’enseignants.
Refusant néanmoins de tirer les conséquences de la votation, Mme Lyon, cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et des affaires culturelles avait déclaré à la presse qu’elle comptait renforcer encore les acquis d’EVM et développer la pédagogie socio-constructiviste.
«Sans doute, avait-elle précisé, les résultats ne sont pas encore, globalement, très réjouissants, mais c’est parce que nous ne sommes pas encore allés assez loin: puisque l’initiative acceptée nous contraint d’en revenir aux notes, nous allons fixer la moyenne pour assurer la promotion à 2,5 sur 6, ce qui devrait éliminer tout risque de redoublement.»
Elle avait encore ajouté: «Il importe peu que les élèves apprennent quelque chose, pourvu qu’ils soient heureux à l’école. L’essentiel réside dans la socialisation, le respect des différences, l’écoute de l’autre et l’épanouissement personnel.»
A l’évidence, ce discours avait plongé la population dans la colère et, de toutes les villes et de tous les villages, on avait commencé à marcher sur Lausanne.
L’exemple des Tunisiens, des Egyptiens et des Libyens était encore vif dans toutes les mémoires. Les chefs d’Etat inaptes à entendre la voix du peuple devaient s’en aller.
On espérait que la ministre, comme dans la révolution du jasmin, saurait abandonner le pouvoir sans y être contrainte par les armes, mais, à tout hasard, on avait pris contact avec les Etats-Unis, l’ONU et le commandement de l’OTAN.
Mme Hillary Clinton avait confirmé le soutien du président Obama: comme en Côte d’Ivoire où le président désigné par le Conseil constitutionnel avait été prié de céder son siège à son adversaire non élu, comme en Libye où une coalition occidentale avait commencé une guerre contre le pouvoir légitime avec frappes aériennes et pilonnage systématique du territoire.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait voté une résolution par treize voix et deux abstentions (celles de la Chine et de la Russie), admettant le recours à la force dans le canton de Vaud et autorisant «toutes les mesures nécessaires» pour obliger le gouvernement à appliquer les principes contenus dans l’initiative «Ecole 2010: sauver l’école».
Parmi ces mesures, la démission de Mme Anne-Catherine Lyon et le renvoi de tous les chefs de service, penseurs, pédagogistes et théoriciens de la rue de la Barre semblaient les plus opportunes et les plus urgentes.
Une fois purgée de cette engeance néfaste, l’école vaudoise pourrait être – enfin – sauvée. Encore fallait-il que les partis de droite et de centre-droite ne confient pas à nouveau, par lâcheté, le Département de la formation à un ou une socialiste!
Un bruit épouvantable me fait sursauter: un obus de l’OTAN sur le château Saint-Maire? C’est le vase à fleurs que ma petite chatte Poupette a fait tomber de la table et qui me réveille.
La votation sur «Ecole 2010» n’a pas encore eu lieu, et les membres de la commission, tous partis confondus, se sont ralliés au prétendu «contre-projet» de Mme Lyon. L’ONU ne va pas intervenir pour la chasser du Conseil d’Etat. Il n’y aura pas d’insurgés à la Riponne, ce n’est pas le genre des Vaudois.
Les élèves ne sauront toujours ni lire ni écrire ni compter à la fin de leur scolarité obligatoire, mais ils seront épanouis. La vie continue.
Claude Paschoud
Le résultat inattendu de la votation sur «Ecole 2010», où avait été plébicitée à 68 % l’initiative visant à la restauration des connaissances de base, la revalorisation de la grammaire, de l'orthographe, des méthodes d'enseignement explicites, avec des supports de cours qui contiennent la théorie à laquelle se rattachent les exercices, la valorisation de l'effort, de l'excellence et du dépassement de soi,avait clairement montré que le peuple vaudois entendait ne plus se laisser mener par le bout du nez par des pédagogistes abscons, par des théoriciens de l’enseignement n’ayant jamais enseigné, par des ex-instituteurs devenus fonctionnaires-rédacteurs de manuels scolaires après avoir échoué lamentablement dans leur carrière d’enseignants.
Refusant néanmoins de tirer les conséquences de la votation, Mme Lyon, cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et des affaires culturelles avait déclaré à la presse qu’elle comptait renforcer encore les acquis d’EVM et développer la pédagogie socio-constructiviste.
«Sans doute, avait-elle précisé, les résultats ne sont pas encore, globalement, très réjouissants, mais c’est parce que nous ne sommes pas encore allés assez loin: puisque l’initiative acceptée nous contraint d’en revenir aux notes, nous allons fixer la moyenne pour assurer la promotion à 2,5 sur 6, ce qui devrait éliminer tout risque de redoublement.»
Elle avait encore ajouté: «Il importe peu que les élèves apprennent quelque chose, pourvu qu’ils soient heureux à l’école. L’essentiel réside dans la socialisation, le respect des différences, l’écoute de l’autre et l’épanouissement personnel.»
A l’évidence, ce discours avait plongé la population dans la colère et, de toutes les villes et de tous les villages, on avait commencé à marcher sur Lausanne.
L’exemple des Tunisiens, des Egyptiens et des Libyens était encore vif dans toutes les mémoires. Les chefs d’Etat inaptes à entendre la voix du peuple devaient s’en aller.
On espérait que la ministre, comme dans la révolution du jasmin, saurait abandonner le pouvoir sans y être contrainte par les armes, mais, à tout hasard, on avait pris contact avec les Etats-Unis, l’ONU et le commandement de l’OTAN.
Mme Hillary Clinton avait confirmé le soutien du président Obama: comme en Côte d’Ivoire où le président désigné par le Conseil constitutionnel avait été prié de céder son siège à son adversaire non élu, comme en Libye où une coalition occidentale avait commencé une guerre contre le pouvoir légitime avec frappes aériennes et pilonnage systématique du territoire.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait voté une résolution par treize voix et deux abstentions (celles de la Chine et de la Russie), admettant le recours à la force dans le canton de Vaud et autorisant «toutes les mesures nécessaires» pour obliger le gouvernement à appliquer les principes contenus dans l’initiative «Ecole 2010: sauver l’école».
Parmi ces mesures, la démission de Mme Anne-Catherine Lyon et le renvoi de tous les chefs de service, penseurs, pédagogistes et théoriciens de la rue de la Barre semblaient les plus opportunes et les plus urgentes.
Une fois purgée de cette engeance néfaste, l’école vaudoise pourrait être – enfin – sauvée. Encore fallait-il que les partis de droite et de centre-droite ne confient pas à nouveau, par lâcheté, le Département de la formation à un ou une socialiste!
Un bruit épouvantable me fait sursauter: un obus de l’OTAN sur le château Saint-Maire? C’est le vase à fleurs que ma petite chatte Poupette a fait tomber de la table et qui me réveille.
La votation sur «Ecole 2010» n’a pas encore eu lieu, et les membres de la commission, tous partis confondus, se sont ralliés au prétendu «contre-projet» de Mme Lyon. L’ONU ne va pas intervenir pour la chasser du Conseil d’Etat. Il n’y aura pas d’insurgés à la Riponne, ce n’est pas le genre des Vaudois.
Les élèves ne sauront toujours ni lire ni écrire ni compter à la fin de leur scolarité obligatoire, mais ils seront épanouis. La vie continue.
Claude Paschoud
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