En direct de Sirius

Air du temps? L’argent n’a pas d’odeur (une recette de crise qui pourrait à nouveau servir)

Avec cet air facétieux que je lui connaissais lorsqu’une affaire lui souriait, le bon monsieur Schnitzel1, en veine de confidences, me conta un jour, dans son Afrique du Sud d’adoption, comment son grand-père d’outre-Poméranie avait sauvé les économies familiales. Le vent ayant tourné, il avait été décidé que toute la famille irait chercher un peu plus à l’ouest un point de chute plus accueillant. L’or de la famille fut fondu en un pot de chambre massif, sur la toute relative concavité duquel on fit, au beau milieu du compartiment de troisième classe et pour la durée du voyage, trôner en alternance les petits derniers de service gavés d’huile de ricin. Le douanier polonais pointa une tête qu’il retira bien vite, narines pincées, et eut la bonne camaraderie de mettre en garde son collègue tchèque. Par solidarité douanière, l’avertissement passa de fonctionnaire en fonctionnaire jusqu’au Hongrois final. En vertu de quoi, les contrôles ayant été allégés à l’excès, les quelques cinquante kilos du pot de chambre parvinrent intacts à Pest.

Cette anecdote servira à confirmer qu’à la manière de l’argent, l’or n’a pas d’odeur… A peine parfois comme un léger parfum de merde.

Le rêve américain (American dream)

Un court métrage (en version originale anglaise sous-titrée en français) circule sur le réseau internet2, qui pourrait aussi s’intituler: Le complot raconté aux innocents. Il est fortement conseillé aux sceptiques. Les maîtres à penser – pardon, les maîtres de la Pensée – qui s’acharnent à nous démontrer que les complots n’existent pas vont le détester. Au demeurant, il y a fort à parier que ces trente minutes dévastatrices d’introduction à la logique ploutocratique disparaîtront rapidement de la toile grâce aux efforts conjugués des organisations d’autoprotection habituelles.

En outre, ce film est réalisé avec humour et dispense d’amusants clins d’œil à certaines productions qui toutes représentent, à titres inégaux, des jalons de l’histoire du cinéma (Back to the future, The Fifth dimension, A clockwork orange et bien d’autres encore). Quand à la citation finale de Benjamin Franklin, elle est plus que jamais d’actualité:

«Celui qui sacrifie la liberté au profit de la sécurité ne mérite ni l’une, ni l’autre.»

Enfin, nous suggérons aux «innocents» désormais «avertis» qui voudraient en savoir plus de se procurer l’indispensable n° 38 de l’excellente revue française Réfléchir et Agir3, qui traite en détail de la même question, avec la pertinence et le sérieux qu’on lui connaît.

Une déclaration d’indépendance réjouissante…

…émise dans le Figaro du 2 août 2011, par conseiller anonyme interposé, à propos d’Alain Juppé, ministre-adjoint4 de Bernard-Henri Lévy5 pour les affaires étrangères à la France (en particulier la Libye, la Syrie et tous autres pays obstacles à la mise en œuvre du Nouvel Ordre Mondial par les philanthropes que l’on sait) en manière de réponse aux admonestations du vibrion de l’Elysée: «Le ministre part où il veut et à ses frais, ses vacances sont un sujet privé. Il ne se sent pas en phase avec la dictature de la transparence.» Cette mise au point est relevée en une par le Canard enchaîné du 3 août 2011, qui la classe perfidement sous la rubrique Mur du çon. Le Canard s’alignerait-il sur la pensée dominante rétive à toute velléité d’indépendance, voire de souveraineté?

C’te pauv’ France… qu’a la mémoire qui flanche…

Le plus très jeune Chirac – mais cependant encore assez sémillant cet été à Saint Trop’ en terrasses de bistrots – fait tenir in extremis un mot d’excuse du docteur au magistrat chargé de juger l’affaire de ces emplois fictifs de la ville de Paris qui ont alimenté bien réellement le budget électoral de son parti. En conséquence de quoi, l’ancien président de république se voit dispenser de comparution personnelle au soulagement de la quasi-totalité de la classe politique: traîner au pilori un vieillard très diminué, qui avait occupé la plus haute fonction de l’Etat n’aurait vraiment pas été convenable… Il ne s’est trouvé, à notre connaissance, qu’un mauvais coucheur pour suggérer que le Grand homme se trouvait ipso facto dans l’incapacité de siéger au Conseil constitutionnel et à quelques autres conseils et institutions qui sont autant d’utiles compléments de retraite pour les grands serviteurs du peuple.

La question mémorielle, en France, est à géométrie variable: il est des mémoires qu’on s’évertue à maintenir coûte que coûte à jour à coup de lois et de vibrantes professions de foi, cependant qu’on oublie qu’un maréchal de quatre-vingt-neuf ans, lui-même ci-devant chef de l’Etat français, fut bel et bien livré à un tribunal de «libérateurs». Il est vrai que, bien que déjà très «fatigué», il avait insisté pour revenir de Suisse répondre en France de ses actes.

Autres temps, autres mœurs… Pourtant, de mémoire d’homme, c’était il n’y a pas si longtemps…

Tout ça pour ça?!

Aux détours d’internet – pas dans notre presse officielle, bien sûr –, des esprits chagrins prétendent que si l’on chasse le Kadhafi, ce serait parce que, prudent sur la note du dollar, comme avant lui Saddam Hussein, il aurait envisagé de se faire payer son pétrole en or. Mais c’est sûrement sans fondement… Un peu comme ceux qui prétendent qu’on déclara la guerre à l’Allemagne parce qu’elle était en train d’administrer au monde entier la preuve qu’il était possible de s’affranchir du système financier mondialiste.

Omar Ben Alala est de retour!6

Ça commence à la manière de Flaubert, à quelques heures de vol de «Mégara, faubourg de Carthage», pour nous faire franchir cette porte au-delà de laquelle, selon Dante, il nous faut abandonner toute espérance; avec des excursions dans le monde de Daudet – et l’on peut hésiter quant au choix du prénom selon que Senneville campe un notaire mariolle, le facétieux Saint Pétrin, la PLC (Politique Littéraire Commune), nouvelle pitrerie des bureaucrates de Bruxelles et ses péripéties, ou prévoit l’institution prochaine de brigades d’«inspecteurs du tri», dont les argousins seront plus proches du système du film Soleil vert que des limiers du «Tigre» Clémenceau…

Sans doute pour attirer notre attention sur l’imminence de la mise en place d’un système de l’absurde, l’auteur a resserré le cadre temporel de ses récits. Dans le précédent «voyage», l’auteur nous emmenait jusqu’en 6421; il limite celui-ci à 2102… Qu’importe! Retrouver notre Omar dans une France désormais infernale est un nouveau régal.

Max l’Impertinent


1 «Faux-nez»! (Je ne dénonce pas.)

2 www.theamericandream.com.

3 BP 80432, F-31004 Toulouse Cedex 6.

4 …mais il ne le sait pas.

5 Homme-orchestre philharmonique et polyvalent, le «Bazar» cumule aussi les portefeuilles de ministre des armées, – du prêt-à-penser –, de la propagande, avec les fonctions de principal souffleur présidentiel, de chargé de promotion du petit-pays-là-bas, de juge des décences morales, de prince qu’on sort de cantatrice, mais lui, il le sait.

6 Gérard de Senneville: Le voyage en enfer d’Omar ben Alala, Editions de Fallois, 22 rue La Boétie, F-75008 Paris – ISBN 2-87706-759-1.

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